Ce 10 octobre, Catherine Trautmann a officiellement annoncé sa candidature aux municipales de 2026 à Strasbourg. « Sollicitée et encouragée à s’exprimer par les Strasbourgeois », l’ancienne maire de 74 ans et conseillère municipale depuis 42 ans repart au combat pour « redresser et remettre de l’ordre dans la ville ».

C’était un secret de Polichinelle, au vu de la vitesse à laquelle ont été publiés les articles d’annonce, mais cela reste un petit événement : ce 10 octobre, Catherine Trautmann a annoncé sa candidature aux élections municipales de 2026 à Strasbourg. Une nouvelle bataille politique à venir pour l’ancienne maire de Strasbourg, qui est élue de l’opposition.

Encouragée à s’exprimer sur ses intentions par de nombreux/ses Strasbourgeois(es) rencontré(e)s ces derniers mois lors de ses 17 rencontres, « pour prendre le pouls de la ville », Catherine Trautmann décide donc de retourner dans l’arène, « par amour pour la ville ». Si elle insiste sur le fait que « la décision revenait aux Strasbourgeois », la récente sortie d’un sondage qui lui est très favorable a dû lui donner un gage supplémentaire sur son envie de se lancer.


catherine trautmann journaliste © Nicolas Kaspar / Pokaa

Pourquoi Catherine Trautmann est-elle candidate ?

Pourquoi, après 42 ans de mandat municipal [elle a été élue pour la première fois en 1983, ndlr] et à 74 ans, l’ancienne maire de Strasbourg décide-t-elle de repartir pour un tour ? Si elle reconnaît qu’elle est « dans les prolongations, comme on dit en foot », comme Kylian Mbappé en son temps, on ne lui parle pas d’âge. Elle annonce en effet avoir « vérifié l’état de la machine », ainsi que sa capacité à « tenir la course ».

Je ne retrouve plus ma ville qui a perdu sa place et son utilité.

Catherine Trautmann, candidate aux élections municipales à Strasbourg

Jurant qu’elle ne part pas pour ses ambitions personnelles, Catherine Trautmann souhaite que « nous retrouvions ensemble l’esprit et la fierté de Strasbourg ». Elle se lance ensuite dans une litanie sur l’état de la ville, après « un mandat actuel qui a déconstruit et rabaissé » à cause d’une « vision très idéologique de la ville qui a isolé et déclassé Strasbourg ». Elle ne peut ainsi accepter que « Strasbourg nous file entre les mains », que « les Strasbourgeois s’en sentent dépossédés et ressentent du dépit de ne pas être entendus voire méprisés ».

Des constats également dressés par Jean-Philippe Vetter et Pierre Jakubowicz, qui font dire à Catherine Trautmann que « notre ville a profondément besoin d’apaisement ». Cela, sans jamais remettre en question le rôle qu’a potentiellement pu jouer l’opposition strasbourgeoise dans l’aggravation des conflits dans la ville [la polémique de l’affichage de la campagne des séniors strasbourgeois, lancée par une élue socialiste, en est le dernier exemple, ndlr].

campagne catherine trautmann © Nicolas Kaspar / Pokaa

Une méthode, plus qu’un programme

Si l’annonce de sa candidature a davantage rimé avec opposition que proposition, Catherine Trautmann a tout de même tracé une feuille de route de sa volonté pour Strasbourg. Elle compte ainsi « redresser et remettre de l’ordre dans la ville », déployer une « perspective ambitieuse avec un modèle inventif », et « unifier ville et Eurométropole ». Le tout avec un triptyque : « Redresser, Déployer, Pérenniser ».

Pour l’ancienne maire, les impératifs à suivre seront ceux de la justice sociale, de l’écoute et du dialogue, de la solidarité, du respect et de la laïcité. Car « une municipalité doit servir et doit assurer plusieurs droits, dont celui à l’éducation, y compris sportive et culturelle, à la sécurité, qui est une liberté, au logement digne et à la mobilité ».

Je sais que les marges de manœuvre ne sont plus là, il va falloir travailler avec des minimums de dépenses. Ça va être difficile.

Catherine Trautmann, candidate aux élections municipales à Strasbourg

Elle annonce également qu’elle mettra en place un audit financier des finances de la ville, afin de savoir ce qu’il est possible de faire pour « préparer la ville aux défis du futur, comme l’écologie, l’IA et l’alimentation, tout en prenant en compte les réalités du quotidien comme le pouvoir d’achat et la perte d’accessibilité ». Enfin, Catherine Trautmann souhaite « sauver le centre-ville », en remettant en place des « coûts supportables pour le stationnement, le transport, et l’attractivité de la ville ».

Néanmoins, la conseillère municipale d’opposition annonce déjà la couleur, teintée de réalisme : « Je sais que les marges de manœuvre ne sont plus là, il va falloir travailler avec des minimums de dépenses. Ça va être difficile. » Elle compte ainsi davantage partir sur un « mandat de réformation », en comparaison au mandat de transformation voulu par les écologistes en 2020.

catherine trautmann © Nicolas Kaspar / Pokaa

Une candidature « ni d’un parti, ni d’un camp, ni d’un clan »

Si la candidature de Catherine Trautmann était attendue, elle a néanmoins pris de vitesse les investitures du Parti socialiste qui tombent début novembre. Une pratique pas inhabituelle, et que la candidate aux municipales justifie : « Pourquoi je ne serai pas candidate, puisque les Strasbourgeois me le demandent ? Maintenant, je peux discuter avec le parti, ici et à Paris. » Alors que des contestations internes au PS strasbourgeois émergent, Catherine Trautmann assume le rapport de force.

Catherine Trautmann balaye d’ailleurs toute possibilité d’alliances à gauche. Là encore, la surprise n’est pas grande, au vu de la fracture béante qui s’est créée entre les socialistes et les écologistes après l’éviction de Céline Geissmann de son poste d’adjointe au numérique. Elle en profite pour tacler une nouvelle fois ses anciens allié(e)s : « Je ne classe plus les Écologistes à gauche avec leur politique tarifaire destructrice et leur refus de l’encadrement des loyers et des fournitures scolaires gratuites pour tous. » 

Je ne suis la candidate ni d’un parti, ni d’un camp, ni d’un clan. Ce que me demandent mes amis, c’est de dépasser mon propre parti.

Catherine Trautmann, candidate aux élections municipales à Strasbourg

catherine trautmann © Nicolas Kaspar / Pokaa

Une posture indépendante qui s’est transformée en position quelque peu solitaire au vu de l’organisation de sa conférence de presse. On y a vu la candidate seule entourée de journalistes alors que ses soutiens et son équipe étaient loin. Ce n’était pas tant « Je marche seule » que « Je me présente seule » et cela représente la volonté de Catherine Trautmann, qui affirme que « la seule alliance c’est avec les Strasbourgeois ».

Néanmoins, la candidate au municipales invite en guise de conclusion celles et ceux qui le souhaitent à venir travailler avec elle et son équipe. Une équipe qu’on nous promet rajeunie, avec « un travail effectué sur le renouvellement politique ». Il reste à voir sa composition, qui devrait tomber aux alentours de décembre. La campagne s’accélère.