Après deux ans marqués par des règlements de compte et une forte emprise du trafic de stupéfiants, le quartier du Tonkin semble tourner une page.
C’est dans une atmosphère presque symbolique que la préfète Fabienne Buccio a arpenté les allées du Tonkin ce vendredi 10 octobre, accompagnée du maire de Villeurbanne, Cédric Van Styvendael, et du directeur de la police nationale, Nelson Bouard. Une visite de terrain dans un quartier longtemps considéré comme l’un des épicentres du trafic de stupéfiants de la métropole lyonnaise.
« Les deux derniers points de deal sont tombés ! » affirme la préfète. En début de semaine, il restait encore deux lieux de revente actifs. Ils ont été démantelés dans le cadre d’une opération « tranquillité, sécurité du quotidien ».
La @prefetrhone annonce, en compagnie de @cvansty, le démantèlement des « deux derniers points de deal » dans le quartier du Tonkin à Villeurbanne pic.twitter.com/Hjp0FeoDGu
— Lyon Mag (@lyonmag) October 10, 2025
Un tournant selon elle : « Si on remonte deux ans en arrière, il y avait entre 8 et 9 points de deal qui prospéraient ici. On a travaillé avec la police nationale, mais aussi la police municipale, qui a joué son rôle en complément. »
Du 6 au 8 octobre, une opération « ville sécurité renforcée » a mobilisé 176 policiers nationaux, municipaux et agents de la RATP. Le dispositif a permis de contrôler 2 163 personnes et de procéder à 29 interpellations (trafic de stupéfiants, rébellion, blanchiment, non-respect de contrôle judiciaire…).
Au total, 9 700 euros en numéraire ont été saisis, ainsi que des stupéfiants. 4 commerces contrôlés, avec des procédures pour sécurité, travail dissimulé et emploi d’étranger en situation irrégulière. Plus d’une dizaine d’individus ont été déférés dans la foulée.

Une visite symbolique au 2 rue Jacques-Brel
Pour clore la déambulation, la préfète est entrée au 2 rue Jacques-Brel, l’un des anciens points de deal les plus actifs. Il y a encore quelques mois, les halls étaient dégradés, les boîtes aux lettres fracturées, les parties communes cassées pour servir de caches.
LyonMag avait pu constater l’état du bâtiment il y a près d’un an, lors d’une précédente opération. Aujourd’hui, les parties communes sont de nouveau en ordre, l’accès au garage a notamment été réparé, une clé est désormais nécessaire pour entrer. « Ça a bien changé, n’est-ce pas ! » glisse un policier, satisfait du travail accompli.
Dans les garages, seuls quelques tags témoignent encore du passage des dealers. Plus aucune substance ni activité illicite.
Si les autorités parlent de « coup majeur », dans les allées, le discours est plus nuancé. Beaucoup de riverains saluent le travail mené, mais certains redoutent un retour du trafic. « Dès qu’ils vont partir, ça va reprendre… » souffle une habitante.
Un membre du collectif Tonkin PAIX-sible reconnaît : « C’est un vrai changement, on respire. Mais je pense que le problème s’est juste déplacé… »
Interrogée sur la possibilité d’un retour du trafic malgré ces résultats, la préfète Fabienne Buccio se veut réaliste tout en affichant sa détermination. « On est sûr de rien, mais on est présent et on fera en sorte que ça ne se produise pas. On ne crie pas victoire aujourd’hui, on dit simplement à nos concitoyens : vous voyez, c’est possible. »
Entre chiffres officiels impressionnants et réalités de terrain plus prudentes, le Tonkin vit un moment charnière. Les autorités veulent croire à une « ère nouvelle. » Les habitants, eux, attendent de voir si cette paix sera durable.
Le Tonkin est-il vraiment sorti de l’ombre du trafic, ou vit-il une accalmie provisoire ? La réponse se jouera dans les prochains mois, loin des communiqués… et au pied des immeubles.