Pendant 20 ans, Christian Horner a présidé aux destinées de Red Bull Racing. Avant d’être évincé, début juillet, il était le directeur en poste depuis le plus longtemps du paddock de la F1.
Vingt ans, c’est une longue période de temps pour un poste aussi exposé, d’autant plus exposé à l’ère moderne où le directeur est, en dehors des pilotes, l’une des rares voix régulièrement audibles d’une écurie, donc au contact de médias toujours plus présents quelle que soit leur forme. Dans cet intervalle entre les débuts de Red Bull et sa chute, Horner a connu de nombreux succès, voire des périodes de domination, qui ont parfois exacerbé le ressentiment d’une partie de ses pairs et du public contre lui et son équipe.
Le Britannique n’a toutefois jamais été du genre à battre en retraite face à un environnement hostile et est passé maître dans l’art de composer, notamment dans ses sorties médiatiques, avec cette donne. Quand cela était nécessaire, il suscitait lui-même la controverse et s’en prenait – de façon plus ou moins discrète et subtile – à ses rivaux pour tenter de les perturber ou simplement pour défendre son ancienne écurie.
Dans tous les cas, il assumait totalement sa manière de fonctionner, comme il l’avait expliqué quelques jours avant l’annonce de son départ dans un entretien pour PlanetF1 : « Il est inévitable de ne pas pouvoir plaire à tout le monde. Les choses prennent de l’ampleur dans les médias, etc. mais j’ai toujours été la même personne. J’ai toujours fonctionné de cette manière. J’attends [que les autres se donnent à] 100% et je donne 100%. Mais parfois, cela peut vous rendre impopulaire auprès de vos adversaires. Le meilleur moyen de devenir impopulaire dans ce milieu est de gagner, et nous l’avons pas mal fait ces dernières années. »
Je défendrai toujours toute personne portant une tenue Red Bull. C’est votre rôle en tant que chef d’équipe.
« Je suis passionné par cette écurie », ajoutait-il alors, dans un contexte où son départ n’avait été évoque qu’à travers certaines rumeurs le liant à Ferrari. « Je défendrai toujours toute personne portant une tenue Red Bull. C’est votre rôle en tant que chef d’équipe. Tout le monde ne peut pas toujours être d’accord avec vous et vos opinions. Mais, pour être honnête, dans le monde des médias numériques, les choses sont beaucoup plus amplifiées. Il y a beaucoup plus de ‘guerriers du clavier’ qu’à mes débuts. »
« Honnêtement, nous n’y prêtons aucune attention. Nous nous concentrons simplement sur notre travail, sur les courses et sur le fait de donner le meilleur de nous-mêmes. La Formule 1 est un monde complexe, avec de nombreux aspects, y compris sur le plan sportif. Ce que vous voyez côté piste ne représente que 20% de la fonction, et je pense qu’il est essentiel de s’entourer d’une bonne équipe. Il faut rester fidèle à ses convictions, travailler en équipe et rester concentré. »
« Ce qui unit tout le monde dans ce milieu, c’est la voiture et ses performances. Dans tous les départements, c’est la façon dont les équipes travaillent ensemble qui détermine le résultat final. Il existe bien sûr une dimension politique dans les relations avec les instances et le détenteur des droits commerciaux. Ça a toujours été le cas et ça le sera toujours. »
Horner, pas prophète en son pays
Christian Horner lors du F1 75 Live de Londres.
Photo de: Getty Images
L’impopularité de Horner et de Red Bull auprès d’une partie des fans s’était spectaculairement manifestée en début d’année, par des sifflets et des huées nourris lors de la cérémonie de présentation des livrées 2025 à Londres à l’occasion de la cérémonie de présentation liée au 75e anniversaire de la discipline, le « F1 75 Live ».
Quand il lui était demandé si ce manque de popularité, notamment outre-Manche où l’écurie est pourtant basée, pouvait être liée à l’absence de pilote britannique dans les rangs de la structure autrichienne ou au fait que Red Bull a souvent eu à se battre face à des pilotes venus de Grande-Bretagne, Horner admettait que cela pouvait être une possibilité.
« Bien sûr, il y a un peu de ça. Depuis David Coulthard, nous n’avons jamais eu de pilote britannique. Nous avons remporté quatre titres avec Sebastian Vettel, qui a battu Lewis [Hamilton] et Fernando [Alonso]. Nous avons réitéré cet exploit avec Max [Verstappen], qui a évidemment battu Lewis en 2021, puis Lando Norris et George Russell l’année dernière. »
« Nous n’avons donc jamais été l’équipe favorite du public, en étant [en plus] une écurie autrichienne, même si nous sommes très centrés sur le Royaume-Uni, puisque nous sommes basés à Milton Keynes, tout près de Silverstone. »
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