« Monsieur, on peut faire une photo ? » La dédicace n’a pas commencé, mais un jeune homme d’à peine 20 ans prend l’extérieur et resquille un peu à côté de la longue file d’attente devant la librairie Le Furet du Nord, à Lille (Nord), alors que Philippe Boxho, 60 ans, « le médecin légiste qui fait parler les morts », marche vers l’entrée. « Oui, mais grouille-toi. Tout le monde va vouloir faire pareil », lui sourit l’auteur de « La mort, c’est ma vie », tiré à 350 000 exemplaires, son quatrième best-seller en trois ans sur son activité de médecin légiste dans la région de Liège (Belgique). Sa bonhomie, son langage fleuri, sa proximité avec ses lecteurs — il leur dit « Salut » à la fin de chaque dédicace — éclate dans ces quelques mots à un fan qui pourrait être son fils.

Un ovni de l’édition. En 2022, le premier recueil d’histoires vraies — parfois en partie romancées, mais sur une base médico-légale liée à son vécu — de Philippe Boxho sur les cadavres qu’il autopsie pour démêler un accident, un suicide ou un meurtre, est tiré à 2 000 exemplaires dans l’anonymat le plus complet chez un éditeur belge, Kennes. « 2 000, c’était un bon tirage chez nous, où 5 000 constituent déjà un succès », raconte Dimitri Kennes, qui l’accompagne dans ses tournées de signatures. Très vite, les réseaux sociaux et la chaîne Legend sur YouTube en font une star 2.0, avec 8 millions de vues sur un podcast. À eux quatre, ses livres ont dépassé le million de ventes.