Le tribunal administratif de Marseille a suspendu ce samedi 11 octobre, l’exécution de l’arrêté ordonnant la fermeture de la mosquée des Bleuets pour deux mois, qui avait été pris par la préfecture pour des positions de son imam jugées « radicales ».
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Cette fermeture temporaire, décidée par le préfet de région Georges-François Leclerc le 6 octobre, porte « atteinte à la liberté fondamentale du culte », a estimé le juge des référés liberté, selon un communiqué de presse du tribunal administratif.
» Nous sommes heureux de vous annoncer que la mosquée reste ouverte », annonce l’association des Bleuets à ses fidèles ce samedi 11 octobre.
« Nous tenons à remercier les fidèles, bénévoles, élèves, sympathisants qui se sont mobilisés dans ce but ainsi que l’ensemble des avocats qui se sont mobilisés » a ajouté l’association.
Elle explique également que « dans un esprit d’apaisement des relations de notre association avec les services de la préfecture des Bouches-du-Rhône, nous allons les contacter afin de planifier une rencontre ».
Il souligne aussi que « la fermeture du lieu de culte crée une situation d’urgence à l’égard de l’association ainsi privée de son activité principale », et des fidèles, « tout particulièrement ceux à mobilité réduite ».
« Les propos et publications de l’imam mis en cause sur les réseaux sociaux, anciens ou plus récents ne présentent pas une menace actuelle de provoquer la haine ou la violence de personnes ou de groupes de personnes », a également estimé le tribunal.
« Cette victoire est une décision d’apaisement », a réagi auprès de l’AFP l’avocat de la mosquée, Me Sefen Guez Guez, estimant qu' »il est temps de laisser la mosquée poursuivre ses activités dans la sérénité ».
Il y a un an, la préfecture de police des Bouches-du-Rhône avait déjà menacé de fermer cette mosquée des quartiers Nord.
L’imam Ismail (Smaïn Bendjilali de son vrai nom) avait alors promis de passer un diplôme sur la laïcité, permettant au lieu de culte de rester ouvert malgré les tensions récurrentes entre les autorités et l’institution religieuse. Fin mai, il avait été condamné à six mois de prison avec sursis pour apologie du terrorisme pour avoir partagé un post sur X en lien avec l’attaque du 7 octobre 2023 en Israël. Une décision dont il a fait appel. Le tribunal note que, « depuis la reprise de son activité de l’intéressé à la mosquée, aucun comportement contraire à la loi de 1905, n’est établi » et « aucun fidèle de la mosquée n’a non plus été mis en cause ».
L’arrêté préfectoral accusait la mosquée et son imam d’avoir sur les réseaux sociaux « des positions favorables à l’organisation terroriste Hamas et, sous couvert d’antisionisme, haineuses à l’encontre de l’État d’Israël ».
« Je mets au défi l’administration de trouver une seule mosquée à Marseille où des rabbins et des prêtres viennent assister à la prière du vendredi », s’est défendu l’imam durant l’audience de vendredi, exceptionnellement autorisé à prendre la parole.
Georges-François Leclerc, préfet de Provence-Alpes-Côte d’Azur depuis janvier, avait retiré le contrat d’association avec l’État du lycée musulman Averroès de Lille lorsqu’il était préfet du Nord en 2023.
Finalement, le tribunal administratif lui avait donné tort, rétablissant en avril ce contrat d’association.