Au numéro 15 de la rue Grignan, on remarque ses colonnes et cette inscription discrète gravée au-dessus de la porte en bois, « Au Christ rédempteur ». Il y a deux cents ans le temple construit à la place d’un hôtel appartenant à la famille Payan marque le début du renouveau pour les familles protestantes marseillaises et de la région. Car rien ne fut facile pour la communauté avant le début du XIXe siècle. « Malgré la reconnaissance du culte en 1791, la communauté reste discrète et se retrouve à l’angle du cours Belsunce et rue du Tapis-Vert dans une salle puis rue Venture dans une ancienne salle de concert », déroule Raymond Dodre, pasteur à Grignan pendant vingt ans.
À Marseille, ville d’évêché, le protestantisme est considéré comme une hérésie. « Et le chemin vers l’acceptation fut très long, encore plus qu’ailleurs. Pourtant, le protestantisme est présent à Marseille depuis les origines de la Réformation. Des familles huguenotes, parfois venues du Languedoc voisin, s’y établissent dès le XVIe siècle ; des négociants protestants étrangers, anglais, hollandais ou suisses, s’y installent », relève Céline Borello, professeure des universités au Mans et auteure d’une thèse sur les protesta…