À Lyon, ce samedi 11 octobre, malgré l’annonce du cessez-le-feu et le début du retrait de l’armée israélienne de Gaza, près de 580 manifestants, selon la police, ont déambulé entre la place des Terreux et celle de Bellecour à l’appel du Collectif Palestine 69. Une mobilisation hebdomadaire devenue presque rituelle depuis deux ans, dans une atmosphère mêlant soulagement, colère et méfiance.

Le cortège s’est déroulé dans le calme, mais les slogans trahissaient la tension toujours vive : « Sionistes, fasciste, c’est vous les terroristes ! », « Nous sommes tous des enfants de Gaza ». Pour beaucoup, le cessez-le-feu ne suffit pas à apaiser la douleur.

« On prend et on partage la joie des Palestiniens, mais on sait que le chemin va être long et difficile, parce que Gaza est un territoire complètement détruit, invivable », confie Jérôme Faynel, président du Collectif Palestine 69. « Souvenons-nous : le cessez-le-feu, il y a un an, avait été rompu unilatéralement par Israël. Donc, qu’adviendra-t-il cette fois ? »

Sur la place, les drapeaux palestiniens flottent encore chaque samedi depuis 2023. Une régularité inédite. « Cela fait deux ans qu’on manifeste sans interruption. Moi, je n’ai jamais vu ça à Lyon », souligne Faynel, hygiaphone sur l’épaule. « Après deux années de génocide, nous attendons. Mais on a peur d’y croire, parce qu’on est instruits par l’histoire. Rien n’indique aujourd’hui qu’Israël souhaite aller vers une solution équitable. »

À ses côtés, Nicole Kahn, membre de l’Union juive française pour la paix (UJFP), partage ce mélange d’émotion et de lucidité. « Nous sommes heureux que le génocide soit arrêté, mais la situation sur place est catastrophique. Le bâti et la société sont à reconstruire. » Elle évoque aussi la colonisation en Cisjordanie, qu’elle juge « insupportable ».

Le bilan humain reste au cœur des discours : « Plus de 67 000 morts, dont 85 % de civils, attestés par l’armée israélienne elle-même », déplore Jérôme Faynel. « C’est une dévastation totale. Comment vivre après tout ça ? »

À Lyon, sur fond de drapeaux, de pancartes et de slogans, cette manifestation de soutien à la Palestine témoigne d’une colère intacte et d’un espoir fragile…