À Toulouse, la journée nationale de mobilisation appelée par l’intersyndicale contre le budget Bayrou, le 2 octobre, a été une nouvelle fois suivie par les bibliothèques de la ville. Des dizaines de grévistes se sont mobilisés et plusieurs établissements sont restés fermés toute la journée pour exprimer le mécontentement des travailleurs face à la dégradation des conditions de travail et aux politiques d’austérité qui frappent depuis plusieurs années les services publics. Dans la manifestation après avoir défilé auprès des autres services territoriaux, les agents des bibliothèques ont rejoint le cortège de la culture et de la coordination contre l’austérité qui réunissaient d’autres secteurs en lutte, comme le social ou les étudiants, rassemblés autour du pôle pour la grève générale. Ce cortège, combatif et solidaire, a également porté la question de la Palestine, affirmant la nécessité d’unir toutes les luttes contre la politique du gouvernement.

Le matin les bibliothécaires étaient réunis en assemblée générale réunissant plus de 50 agents. Après un temps de discussion sur la situation nationale, les discussions ont convergé vers un même constat : la dégradation continue des conditions de travail à cause des offensives néolibérales des différents gouvernements successifs et de leurs relais locaux comme Jean-Luc Moudenc.

En effet, en lien direct avec les coupes budgétaires qui produisent un sous-effectif chronique, une surcharge de travail, une dégradation des services proposés aux usagers par manque de moyens, les agents ont pointé une augmentation et un renforcement des burn-out, des arrêts maladie en cascade… soit une aggravation des risques psychosociaux. Des risques qu’il faut aussi associer à une montée d’un management toxique de la part des différentes directions qui aggrave encore plus la situation. Les témoignages de collègues en détresse, en pleurs ou à bout se multiplient. Beaucoup évoquent le sentiment d’une hiérarchie de plus en plus autoritaire…« Récemment, la direction d’un territoire a même usé du chantage aux congés pour imposer des changements d’horaires aux agents nous témoigne un agent. »

Ces situations ne tombent pas du ciel, elles sont le produit direct de la politique d’austérité menée par la mairie de Toulouse, dans le prolongement du budget 2025 voulu par le gouvernement et appliqué localement. Derrière les mots d’ordre technocratiques de « rationalisation » ou « d’adaptation des services », c’est toujours la même logique comptable qui s’impose, faire plus avec moins, au détriment de la santé des travailleurs. Le mépris de la direction en est l’expression la plus claire. Lors d’une réunion, le directeur de la bibliothèque et du livre a même osé déclarer que « le burn-out ne pouvait concerner que les cadres », une phrase révélatrice d’une hiérarchie coupée de la réalité et sourde à la souffrance de ceux qui font vivre au quotidien les bibliothèques pour les usagers. Ces derniers ont d’ailleurs commencé à se réunir en comité d’usagers à l’image de Bonnefoy ou de Duranti afin de mobiliser à l’échelle des quartiers les habitants pour défendre les bibliothèques et les conditions de travail des agents.

Face à cette situation, le syndicat CGT de la mairie de Toulouse a lancé un appel à la grève pour la journée du 15 octobre, ainsi qu’à un rassemblement pour défendre les conditions de travail, dénoncer les coupes budgétaires. Les agents, usagers et soutiens sont invités à se mobiliser mercredi 15 octobre à 10h devant la Médiathèque José-Cabanis pour montrer leur solidarité face à un management qui met en danger la santé au travail, la dégradation de leurs conditions de travail et pour revendiquer un plan d’embauche à hauteur des besoins.

Ce moment de mobilisation apparaît comme une étape clé pour relier la lutte locale des agents des bibliothèques aux mobilisations plus larges contre la politique d’austérité qui frappe l’ensemble des services publics comme le montre le rassemblement des psychologues de la fonction publique dénonçant leurs sous-effectifs face à un mal être croissant ou encore la dégradation toujours plus croissante d’un secteur comme la santé. Comme nous l’explique Léo Stella, travailleur des bibliothèques à Toulouse, «  Ce rassemblement est important parce qu’il s’inscrit dans la lutte de l’année dernière, pour montrer qu’on ne laissera pas les conséquences de l’austérité s’installer. Mais ce rassemblement est aussi à lier à la situation générale dans le pays où tout le monde et particulièrement les services publics on subit les politiques austéritaires de Macron. On se défendra contre chaque attaque et la destruction de nos métiers mais on sait que c’est seulement par la fin de Macron qu’on mettra un arrêt à l’austérité. »