Déjà diffusé sur France Télévisions, Vivre avec le jaguar, de Thomas Yzèbe, est projeté ce samedi au Camp de la Transportation, à 17 heures. Le documentaire, co-produit par le Guyanais Marc Barrat, explore la cohabitation entre les humains et le jaguar en Guyane.

Tout est parti d’une image insolite : celle d’un jaguar installé dans un arbre au cœur d’un quartier résidentiel de Rémire-Montjoly. « Je me suis demandé : Mais que fait ce jaguar ici ? », raconte Thomas Yzèbe. Ce point de départ a éveillé en lui un écho familier : « En Haute-Savoie, on s’interroge sur le loup de la même manière. Dans les deux cas, c’est l’homme qui s’approche du territoire de l’animal. »

De cette interrogation naît Vivre avec le jaguar, un film qui dépasse le simple documentaire animalier pour interroger notre rapport au sauvage et à la place que nous laissons, ou non, à la nature.

Ce jaguar a été retrouvé dans un quartier résidentiel de Guyane et été endormi pour être ramené en forêt. Ce fait-divers a inspiré au réalisaeur Thomas Yzèbe le film Vivre avec le jaguar

©Catherine Boutet (archives)

Au cœur du film se trouve une idée que le réalisateur suggère : celle d’un « pacte ancestral » entre l’homme et la nature, aujourd’hui fragilisé. « Ce lien s’est largement perdu dans les sociétés occidentales industrialisées, même s’il perdure encore, par fragments. Il reste évidemment plus fort dans des environnements comme la forêt amazonienne.» 

Tourné notamment à Camopi, village amérindien du Haut-Oyapock, le film a exigé une approche patiente et respectueuse. Entouré d’une équipe locale, le réalisateur a veillé à éviter toute vision exotisante : « Je voulais éviter le regard d’un réalisateur parisien débarquant trop vite, sans comprendre. J’espère que le film porte un regard juste, même si ce doute m’accompagne toujours.»

Dans ce documentaire, le jaguar n’est pas seulement un animal mystérieux. Il devient le symbole d’un équilibre brisé entre les humains et leur environnement.

On parle souvent d’intrusion du jaguar, mais c’est nous qui colonisons son territoire

Au fil des nombreux témoignages, chercheurs, éleveurs et habitants témoignent d’une cohabitation complexe, entre peur, respect et fascination.

Privilégiant une approche d’écoute, Thomas Yzèbe refuse de trancher entre le camp de ceux qui veulent protéger l’animal et ceux qui en subissent la présence. « Je ne voulais pas donner de leçon ni trancher entre deux positions. Je comprends la situation des éleveurs, pour qui la perte d’un troupeau peut être dramatique. C’est le travail de toute une vie qui peut s’effondrer en quelques nuits. »

Statue de jaguar

©13 Prods et Kanopé Films

 

Le jaguar, rare à l’écran, devient presque une présence invisible, un regard qui observe l’humanité. « Un titre envisagé un temps était Le dernier message du jaguar. Comme si ce jaguar, venu jusqu’à Rémire-Montjoly, cherchait à nous alerter : « Je viens jusque dans vos jardins pour dire qu’il y a un problème. » »