Le laboratoire américain MSD (Merck aux États-Unis) a renoncé à son projet de centre de recherche à Londres, évalué à environ 1 milliard de livres, ce qui devrait entraîner la suppression de 125 postes de chercheurs. AstraZeneca a, de son côté, abandonné une extension de ses installations de recherche à Cambridge pour 200 millions de livres, après avoir déjà renoncé plus tôt, cette année, à un site de production de vaccins à Speke, près de Liverpool, d’une valeur de 450 millions de livres, faute de soutien public jugé suffisant.
Eli Lilly a également suspendu son projet de laboratoire London Gateway, estimé à 279 millions de livres, dans l’attente de conditions réglementaires et d’un environnement économique plus stables et prévisibles. D’autres groupes, comme Sanofi ou Novartis, ont indiqué qu’ils retardaient leurs propres décisions d’investissement en raison du manque de visibilité.
Le mécanisme de « clawback »
Le point de friction majeur réside dans la politique de prix des médicaments. Le ministère de la Santé a présenté aux industriels une offre qualifiée de « généreuse », rapidement rejetée par l’ensemble du secteur. Les laboratoires dénoncent en particulier le mécanisme de « clawback », une redevance qui prélève actuellement 23,5 % des revenus générés par les nouveaux médicaments.
Ils estiment ce taux largement supérieur à ce qui est appliqué ailleurs en Europe et de nature à dissuader l’innovation. L’Association britannique de l’industrie pharmaceutique (ABPI) a mis en garde contre un « coût humain » direct, soulignant que la réduction des investissements se traduit par des pertes d’emplois et un recul des capacités de recherche.
Face aux critiques, le gouvernement affirme que sa proposition est équitable et rappelle que les discussions restent ouvertes. Mais pour les grands groupes internationaux, le Royaume-Uni apparaît désormais comme un environnement peu attractif, à rebours de ses ambitions affichées de devenir un leader mondial des sciences de la vie.