La polémique sur les frais de représentation du maire de Lyon prend un nouveau tournant juridique. Après avoir dénoncé ce qu’il considère être des « virées shopping » aux frais des Lyonnais, Alexandre Dupalais, avocat et candidat à la mairie en 2026, ne s’en tient plus uniquement à la morale ou à l’éthique : il questionne désormais la légalité même de ces remboursements.
Jusqu’ici, la Ville de Lyon assurait avoir réduit drastiquement les dépenses et être largement en dessous du seuil réglementaire, avec environ 800 euros par an remboursés à Grégory Doucet. Mais un élément inattendu vient fragiliser cette défense : le cabinet de l’avocat de l’édile, Me Didier Seban — notamment au côté du maire de Lyon lors de son placement en garde à vue dans l’affaire dite des chargés de missions de la Ville de Lyon — n’est pas totalement aligné sur la position de son client.
Dans un article de maire-info, média de référence des élus locaux, le cabinet Seban, spécialisé en droit des collectivités locales, a analysé les rapports de chambres régionales des comptes concernant d’autres communes. Et sa conclusion est sans ambiguïté : « les frais d’habillement ‘ne peuvent vraisemblablement pas être pris en charge au titre des frais de représentation’, ne pouvant être rattachés ‘à un quelconque intérêt communal’. »
Une exception pourrait exister uniquement « s’il s’agit d’une dépense liée à une cérémonie particulière, ‘exigeant par exemple une tenue de gala’, comme l’avait relevé la CRC de la région Paca. »
Toujours dans les colonnes du quotidien, le cabinet prévient même : « Les maires concernés ont donc intérêt à la plus grande prudence sur cette question et, en tout état de cause, ils doivent absolument conserver les justificatifs de toutes les dépenses qui justifient le versement de cette indemnité. Et ne pas oublier que ces notes de frais, factures, etc., peuvent être rendues publiques. »
Pour Alexandre Dupalais, cet avis juridique change la donne : « Il (Grégory Doucet) a fait campagne sur la sobriété, il se fait quand même rembourser des costumes et des chemises sur les frais de la mairie. Ce n’est pas à moi d’apprécier, c’est à chaque électeur de se faire son opinion. En revanche, concernant la légalité c’est discutable. L’avocat de Gregory Doucet estime que les frais d’habillement ne sont pas susceptibles d’être remboursés. C’est quand même une information intéressante. »
« On ne représente personne en poncho ! »
Il assure ne pas s’arrêter au simple débat moral : »Je pense que d’un point de vue global l’ensemble des Français qui doivent bien s’habiller pour aller au travail, à leurs frais, ne doivent pas bien comprendre que les maires se fassent rembourser leur vêtement par la collectivité surtout au vu des indemnités qu’ils touchent. »
Et même si les montants ont été votés en conseil municipal, Alexandre Dupalais est catégorique : « Ce n’est pas parce que c’est voté que c’est légal, ils s’abritent tous en disant que tout le monde fait ça, mais ça ne veut toujours pas dire que c’est légal. »
Alexandre Dupalais pointe aussi la nature de certaines dépenses du maire de Lyon : un poncho à 45 euros et un « surpantalon ville » à 25 euros achetés le 16 mai 2024 dans un magasin Décathlon. « Pour le coup on parle de frais de représentation et je crois qu’on ne représente personne en poncho ! », ironise-t-il. Il ajoute : « Quand on fait campagne sur la sobriété, qu’on veut donner cette image de chevalier blanc à dénoncer, à être tout le temps sur le terrain de la morale, c’est quand même assez hypocrite. »
Selon le candidat UDR-RN, il n’appartient plus au débat politique de trancher : « Ça sera au parquet de trancher et d’instruire ou pas. » Il regrette même que la droite classique ne se saisisse pas du dossier : « J’aurai pensé que l’opposition lyonnaise se serait penché sur le dossier, il faut que moi, modeste opposant qui ne suis pas élu fasse ça. »
En toile de fond, subsiste la question de la transparence des finances publiques : « La moindre des choses pour les Lyonnais, c’est de rendre compte de comment on dépense leur argent. » Et Alexandre Dupalais conclut en mêlant fiscalité et priorités : »Quand on augmente de 9% la taxe foncière, il faut nous expliquer à quoi ça sert, je refuse que ce soit pour payer des costumes à Grégory Doucet, désolé. Surtout quand on est larmoyant en disant qu’on n’a plus de sous. »