Par
Fabien Massin
Publié le
12 oct. 2025 à 9h34
Le lieu est impressionnant et sa présence étonnante autant que méconnue. Des milliers de tombes identiques sur une vaste emprise de six hectares dans l’agglo de Rouen (Seine-Maritime), derrière le stade Diochon, en grande partie sur le territoire de la commune du Petit-Quevilly. Nous sommes ici au cimetière militaire britannique de Saint-Sever — où reposent des morts de la Première Guerre mondiale — le plus important de France et le deuxième à l’échelle européenne. Mais comment expliquer sa présence ici dans la capitale normande ?
Rouen base logistique britannique majeure
« Pendant la Première Guerre mondiale, le conflit n’était pas directement présent à Rouen, mais l’était par la présence d’hôpitaux militaires du Commonwealth et d’infrastructures (usines, stockage, entrepôts) qui ont fait de la ville une base logistique britannique majeure, l’une des quatre plus importantes en France », explique l’historien rouennais Paul le Trévier, auteur de Le jardin aux 12 000 pierres, ouvrage de référence sur le cimetière Saint-Sever.
Dans ces hôpitaux qui accueillaient les blessés au combat, il y avait évidemment des morts. En ville également, dans les usines et entrepôts, il y avait des décès dus à des maladies ou à des accidents. Et dans la philosophie britannique, on ne rapatriait pas les corps au pays mais on les inhumait immédiatement sur place.
Paul Le Trévier
HIstorien
Des défunts des différentes nations du Commonwealth (Royaume-Uni, Australie, Afrique du Sud, Canada, Inde, Nouvelle-Zélande), mais aussi d’autres contrées (Caraïbes, Italie, Pologne, Yémen, Egypte…) trouvent ainsi leur dernière demeure à Rouen. La zone est concédée à la Couronne et encore aujourd’hui, c’est l’organisation britannique Commonwealth war grave commission (CWGC)* qui gère la zone.
À Rouen, 11 769 personnes sont ainsi enterrées et commémorées, auxquelles il faut ajouter 313 morts de la Seconde Guerre mondiale. « Dans son aspect actuel, le cimetière date des années 1922-1927, avec les tombes en pierre blanche calcaire datant du jurassique, il y a 158 millions d’années », précise Paul Le Trévier.
Parmi les soldats inhumés, certains sont très jeunes, 16 ans tout au plus pour l’un d’entre eux, le plus âgé étant un vieux colonel de 65 ans. Il y a aussi quelques femmes, infirmières ou travailleuses civiles.
Paul Le Trévier, auteur de l’ouvrage de référence sur le cimetière Saint-Sever, Le jardin aux 12 000 pierres. (©Document transmis)
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*C’est elle qui gère le cimetière Saint-Sever et qui honore la mémoire de 1,7 million de personnes tombées au service de la couronne britannique, dont 575 000 en France. En France la CWGC gère environ 3000 sites dont 800 cimetières et 2200 carrés militaires (dans des cimetières civils).
Le jardin aux 12 000 pierres, par Paul Le Trévier, 320 pages, dont 16 en couleur. Tarif : 22 euros
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