« Pour tenir compte de l’augmentation de la demande », la capacité de production va être multipliée « par 2 à 2,5 » entre 2024 et 2026, assure Emmanuel Michaud, vice-président du secteur sous-marins chez Thales. Une dynamique portée par l’augmentation des budgets de défense en Europe face à la posture de plus en plus menaçante de la Russie. Thales, qui emploie plus de 1 800 personnes à Brest, y a recruté 120 personnes en 2024 et le même nombre d’embauches est prévu en 2025.
Les meilleurs fournisseurs de sonars au monde
Un sous-marin ne vaut que tant qu’il est invisible : dès qu’il est repéré, il devient une cible. « Localiser et identifier le sous-matin ennemi vous donne un avantage stratégique significatif », argumente Kai Balder, spécialiste de la guerre anti-sous-marine au cabinet de conseil Roland Berger. Récemment la frégate française multimission Alsace équipée de Captas a escorté pendant plusieurs semaines un sous-marin russe dans l’Atlantique.
« Les sonars touchent directement à la dissuasion. La lutte anti-sous-marine est un facteur déterminant de la crédibilité » d’une puissance nucléaire, explique l’amiral Eric Chaperon, conseiller défense de Thales. Dans cette lutte, Thales figure « parmi les meilleurs fournisseurs de sonars au monde, non seulement en France, mais aussi au Royaume-Uni, et même dans certaines parties aux États-Unis qui préfèrent traditionnellement leurs fabricants nationaux », remarque Kai Balder.
Mis à l’eau depuis l’arrière d’une frégate, le Captas scrute les profondeurs en émettant des ondes de très basse fréquence à grande distance pour détecter les échos dans les profondeurs. « Le sous-marin a beau être silencieux, il va être touché », assure Eric Chaperon.
En complément, la bouée sonar de Thales Sonoflash, qui peut être transportée par hélicoptère puis larguée dans l’eau, affine la localisation. Ce dispositif « permet de détecter, de pister et, le cas échéant, d’engager un armement une fois que la cible est identifiée », ajoute Emmanuel Michaud.
La concurrence fait rage
Thales développe aussi des outils de lutte contre les mines sous-marines, misant sur les drones pour tenir les équipages à l’écart du danger. Le sonar tracté Tsam, remorqué sur un drone de surface, peut trouver des objets « de l’ordre d’une carte bancaire sous l’eau », explique Anthony Loussaut, responsable des sonars pour le projet de la lutte contre les mines franco-britannique MMCM visant à remplacer les chasseurs de mines traditionnels par des systèmes autonomes.
Thales qui a déjà vendu plus de 300 sonars de chasse aux mines à une cinquantaine de marines, a livré pour la première fois un système autonome à la Marine nationale fin 2024 puis à la Royal Navy en février 2025. Leur mise en service est prévue en 2026. Mais la concurrence fait rage, reconnaît Benoît Drier de Laforte, conseiller en guerre des mines de Thales.
Le groupe franco-belge Exail qui fabrique des drones marins chasseurs de mines revendique ainsi des solutions moins chères et un carnet de commandes « multiplié par dix » depuis un contrat en 2019 avec les marines belge et néerlandaise.