Avec un prénom pareil et des parents sportifs, pas étonnant que Victoria Ravva soit devenue cette immense championne, à l’exceptionnelle longévité (elle a mis un terme à sa carrière à quarante ans en 2015). Et pourtant, le destin de cette Géorgienne née au sein de l’ex-URSS n’était pas tout tracé. La belle a dû fuir la guerre et s’exiler à deux reprises (en Azerbaïdjan puis en France). Se pointer parfois à l’entraînement en n’ayant pas grand-chose dans le ventre si ce n’est la rage de vaincre, avant d’accompagner l’immense épopée du RC Cannes (19 titres de champions de France, 18 Coupes de France, deux Ligues des champions) sous la présidence d’Anny Courtade.
« Anny est unique, elle a structuré le RC Cannes pour en faire un grand club, et sa force de caractère m’a beaucoup inspirée, confie Victoria, invitée des déjeuners Cannes Radio/Nice-Matin au Bistrot des Anges du Cannet. Elle me disait : Victoria, si les portes ne s’ouvrent pas, tu les pousses, et si elles ne s’ouvrent toujours pas, tu les défonces ! »
Sa photo encadrée au Palais des victoires, de son vivant
Hier capitaine emblématique du RC Cannes sur le parquet, Victoria est restée la belle figure de proue du volley, tant pour les hommes que les femmes. « Ah, c’est gentil de me dire ça ! C’est vrai que j’ai déjà ma photo au Palais des Victoires, alors que je suis encore vivante, en rigole l’intéressée, toujours aussi fraîche et enjouée. Je suis très fière d’avoir marqué l’histoire du volley cannois et français [naturalisée, elle a évidemment joué en équipe nationale], dans ce pays qui m’a adoptée et que j’aime énormément. »
Après être monté au filet pour smasher la balle, Victoria a repris ses études au rebond pour gagner aussi la partie, au-delà des lignes blanches du terrain.
« Au sein du holding qui chapeaute les deux clubs (AS Cannes pour les hommes, Racing pour les filles), je suis responsable de tout l’extra-sportif, l’événementiel, le marketing, le développement commercial. C’est très intéressant car c’est aussi un challenge de trouver de nouveaux investisseurs pour notre sport, qui doit être aussi du business et du spectacle. Avec l’équipe dirigeante, on veut que le volley cannois retrouve toute la place qu’il mérite à Cannes ! »
Créer l’évènement avec les matches « à la maison »
Une image de marque à reconquérir, un défi comme elle les aime, après une saison sportive calamiteuse chez les filles.
« Les garçons ont bien marché, ils venaient de remonter et sont allés jusqu’aux play-off. En revanche, les filles ont fini avant-dernière, c’est un très mauvais résultat, concède Victoria. Mais le choix était avant tout d’éponger les dettes pour que le club reste en vie. Cette année, le recrutement est meilleur. L’équipe ne sera peut-être pas championne mais on vise la 5e ou 6e place. L’objectif fixé par l’investisseur [le businessman australien Craig Carracher] est d’attendre la finale du championnat de France d’ici trois ans, et de figurer parmi les meilleurs d’Europe dans cinq ans. » En attendant, il s’agit de faire venir des supporters au Palais.
« C’est pas facile, mais on a dix dates couplées hommes-femmes à la maison cette saison, on va essayer de créer l’évènement afin que le public assiste aux deux matches ! » Et pour cela, à Victoria de jouer.