C’est donc Laurent Nuñez qui prend la place du Vendéen au ministère de l’Intérieur, portefeuille stratégique et exposé. Préfet de police de Paris depuis 2022, où il avait succédé au cassant et contesté Didier Lallement, l’homme aujourd’hui âgé de 61 ans s’est attiré la confiance d’Emmanuel Macron depuis une petite décennie. C’est le chef de l’Etat qui l’a nommé à la Direction générale de la sécurité intérieure en 2017, avant d’en faire un secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’Intérieur Christophe Castaner entre 2018 et 2020.

Depuis son arrivée à la «PP», sur l’île de la Cité à Paris, l’énarque de la promo Cyrano-de-Bergerac s’est efforcé de retisser les liens distendus avec l’équipe municipale d’Anne Hidalgo, avec en ligne de mire la sécurisation de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques 2024. S’il est dépeint comme apte au dialogue et maîtrisant ses dossiers, ce cadre de la préfectorale a toujours embrassé la ligne sécuritaire martelée notamment depuis le mouvement des Gilets jaunes. Comme Libération l’avait révélé, il avait également rendu un avis «particulièrement favorable» pour que le policier qui a tué Nahel Merzouk soit muté dans le commissariat de son choix.

A Beauvau, où Bruno Retailleau a multiplié depuis un an les saillies droitières, défavorables aux étrangers et flirtant avec une remise en cause de l’Etat de droit, ni «intangible», ni «sacré», à ses yeux, Laurent Nuñez trouve une pile de dossiers finalement pas si épaisse. Le principal projet législatif sur lequel est engagé le ministère de l’Intérieur porte sur les pouvoirs des municipalités en matière de police. Le texte devait être présenté au Conseil d’Etat le 17 septembre avant d’arriver au Parlement, mais faute de gouvernement, il est encore dans les cartons. Ce projet de loi prévoit de doter les 28 000 policiers municipaux de nouveaux pouvoirs judiciaires comme la capacité à dresser des amendes forfaitaires délictuelles, ou encore de leur permettre de faire voler des drones. Un maigre bilan, à rebours de la communication tous azimuts qu’aura imprimée Bruno Retailleau.