Décision ce samedi –

La semaine de tous les dangers pour le PLR et les accords avec l’UE

Publié aujourd’hui à 21h37Thierry Burkart, membre du Conseil des États, s’exprime lors d’une conférence de presse à Berne contre l’initiative Juso pour une politique climatique sociale.

Le président du PLR Suisse Thierry Burkart, plutôt eurosceptique, remettra son mandat ce samedi lors d’une assemblée de délégués qui devra se prononcer sur les futurs accords avec l’UE.

KEYSTONE

En bref:

  • Le PLR décidera samedi à Berne de son soutien aux accords avec l’Union européenne.
  • Un groupe de travail composé d’europhiles et d’eurosceptiques n’a pas trouvé d’accord.
  • Les conseillers fédéraux divergent sur les modalités de ratification populaire.

C’est la semaine de tous les dangers pour le PLR. Samedi, il doit enfin sortir du bois lors de son assemblée générale à Berne et dire s’il soutient ou non le paquet d’accords avec l’Union européenne que le Conseil fédéral a signé. On s’attend à un oui mais la décision pourrait avoir de grandes répercussions sur ses résultats électoraux face à une UDC qui fait feu de tout bois sur ce dossier.

En temps normal, le soutien du PLR aux accords de l’UE devrait être une simple formalité. Le parti a toujours favorisé les Bilatérales et tout ce qui favorise la simplification du commerce avec l’Union européenne. Mais le vent a commencé à tourner avec la volonté de l’UE d’encadrer institutionnellement ces accords avec une reprise dynamique du droit européen. Le président PLR Thierry Burkart, eurosceptique et qui remettra son mandat ce samedi, ne portait pas le premier accord-cadre avec l’UE dans son cœur.

PLR divisé sur les accords

Depuis, les voix discordantes PLR à un accord institutionnel avec l’UE se sont manifestées, surtout en Suisse alémanique. Jusqu’au point où le parti a dû créer un groupe de travail, avec six europhiles, dont le patron et conseiller national bernois Simon Michel, et six eurosceptiques, dont le conseiller aux États nidwaldien Hans Wicki. Objectif: peser le pour et le contre du paquet UE.

Les positions sont apparemment restées inconciliables. Il appartiendra donc à l’assemblée des délégués PLR de trancher ce samedi. Le oui paraît d’autant plus probable que les deux conseillers fédéraux Karin Keller-Sutter et Ignazio Cassis militent pour une approbation. Avec une différence cependant. La première veut que le paquet d’accords soit ratifié obligatoirement par le peuple et les cantons, le second estime qu’un simple référendum facultatif du peuple suffit. Le PLR devrait donc être plus partagé sur cette question.

L’UDC en embuscade

Si le oui au paquet d’accords avec l’UE l’emporte, ce ne sera pas la fin des problèmes pour le PLR. Car l’UDC en profitera pour draguer les sympathisants du non. Une tactique qui lui avait parfaitement réussi il y a une trentaine d’années après le non à l’Espace économique européen (EEE). L’UDC avait siphonné une bonne partie des voix PLR et s’était installé durablement comme premier parti de Suisse.

Un remake, avec un nouvel affaiblissement sensible du PLR, est-il possible? On ne peut l’exclure. L’UDC est en campagne permanente sur «le traité colonial» avec l’UE. Elle accumule les victoires dans les cantons et caracole à plus de 30% des voix dans le dernier sondage SSR pour les élections fédérales de 2027.

Grandes manœuvres à Berne

Justement cette échéance commence à faire peur aux partis. Selon la «NZZ am Sonntag» de ce dimanche, les manœuvres sont engagées pour que le peuple puisse voter sur le nouveau paquet d’accords non pas en 2028 mais en juin 2027. Cela afin d’évacuer la question européenne avant les élections d’automne. Pas étonnant. «Si on attend 2028, l’UDC va axer toute sa campagne électorale sur ce thème», nous confiait récemment un conseiller fédéral.

Quelle manœuvre concrète est engagée? Sous l’impulsion d’une majorité de partis, les services du parlement sont en train de voir comment traiter en un temps record le volumineux paquet d’accords avec l’UE. Pas évident dans la mesure où ce dernier présuppose également de nombreuses adaptations dans le droit suisse.

Une commission spéciale

Une des solutions pour accélérer le travail parlementaire serait de créer une commission spéciale ad hoc, qui ne s’occuperait que de ce sujet. Selon la «NZZ am Sonntag», le chef de groupe PLR des Chambres fédérales Damien Cottier est favorable à cette solution. Contrairement à son homologue du Centre Philipp Bregy, qui lâche: «Ceux qui ne s’intéressent qu’à l’UDC et aux élections font passer la tactique partisane avant les intérêts du pays.»

On verra qui l’emporte. Ce qui est sûr, c’est que le PLR ce samedi joue gros s’il affiche par trop ses divisions sur la question centrale du dossier européen. Au-delà de futures pertes électorales, c’est aussi le nombre de ses sièges au Conseil fédéral qui est en jeu en 2027.

Suisse et les accords UE

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Se connecterArthur Grosjean est correspondant politique au Palais fédéral depuis août 2011. Il exerce la profession de journaliste depuis plus de 35 ans. Il a occupé diverses fonctions comme chef de rubrique (Suisse, Genève) et rédacteur en chef adjoint de la Tribune de Genève. Il a commencé sa carrière comme responsable des communes genevoises avant de s’occuper successivement de la politique de la Ville de Genève et celle du canton de Genève. Il écrit pour la Tribune de Genève, 24 Heures et le Matin Dimanche.@arthurflash

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