Choisir un gin plutôt qu’un whisky en pensant au lendemain, ou un verre de vin rouge pour ses prétendues vertus. Ces réflexes sont courants. Mais existe-t-il vraiment un alcool « moins pire » qu’un autre ? La réponse est non. Notre fact-checking décrypte pourquoi, derrière chaque bouteille, le risque pour la santé est le même.

VIG_INSTA_FSTCHECK_ALCOOL.jpg FastCheck : Tous les alcools se valent, vrai ou faux ? / FastCheck / 4 min. / vendredi à 16:25

Vin rouge, bière ou spiritueux, le constat est le même. « L’alcool reste de l’alcool », résume le scientifique Jürgen Rehm dans le New York Times. Peu importe la bouteille, le danger principal vient de la même molécule: l’éthanol.

L’idée qu’un verre de vin rouge serait bon pour la santé est aujourd’hui balayée. Comme le précise Marc Peterhans, directeur de la Croix Bleue Suisse, ses potentiels bienfaits sont « contrebalancés par les effets négatifs, notamment le risque de cancer ». De même, aucune étude solide ne prouve que les alcools clairs (gin, vodka) sont moins nocifs que les foncés (rhum, whisky). Ces derniers contiennent simplement plus de « congénères », des substances qui peuvent aggraver la gueule de bois, mais pas le risque sanitaire global.

Le mécanisme est bien connu: l’éthanol est transformé par le corps en acétaldéhyde, une substance toxique qui endommage l’ADN et augmente le risque de développer au moins sept types de cancers. Le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) classe d’ailleurs l’éthanol dans le groupe 1 des cancérigènes, au même titre que le tabac ou l’amiante, et ce depuis 1987.

« Moins, c’est mieux »

Face à ce risque, même à faible dose, l’OMS a durci sa position en 2023, affirmant qu’aucun seuil de consommation n’est sans danger. En Suisse, la Croix Bleue a suivi en ne recommandant plus de quantité maximale, mais un principe simple: « Moins, c’est mieux ».

Cette remise en cause des idées reçues ne se fait pas sans résistance. Selon la Croix Bleue, l’industrie de l’alcool et les scientifiques qui lui sont proches remettent en question ces nouvelles données, utilisant des tactiques similaires à celles de l’industrie du tabac pour semer le doute. L’organisation parle d’une phase de « déni » visant à protéger un marché de plusieurs milliards de francs. Cette stratégie contribue à maintenir la confusion dans l’esprit du public malgré un consensus scientifique de plus en plus solide.

Cette prudence est justifiée par les chiffres de l’OFSP: en 2022, 16,4% de la population suisse avait une consommation d’alcool excessive, avec des coûts sociaux estimés à 2,8 milliards de francs par an.

Hélène Joaquim

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