L’ancien président français Nicolas Sarkozy, qui connaîtra lundi les modalités de son incarcération après sa condamnation à cinq ans de prison ferme, deviendra le premier ex-chef d’État d’un pays de l’Union européenne (UE) à aller derrière les barreaux.
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Président de 2007 à 2012, M. Sarkozy a été condamné le 25 septembre pour association de malfaiteurs, pour avoir laissé ses plus proches collaborateurs démarcher la Libye de Mouammar Kadhafi en vue d’un financement illégal de sa campagne présidentielle victorieuse de 2007. Bien qu’ayant fait appel, il sera incarcéré en raison du mandat de dépôt avec exécution provisoire prononcé contre lui.
Aucun autre ex-chef d’État de l’UE n’est allé en prison après son mandat.
Ce constat ne prend en compte que les chefs d’État qui ont gouverné alors que leur pays était membre de l’UE ou de l’une de ses devancières (Communauté européenne du charbon et de l’acier, Communauté européenne…). Les chefs de gouvernement ne sont pas inclus ici.
Par contre, certains pays de l’UE ont eu, avant leur entrée dans l’Union, d’anciens chefs d’État incarcérés.
C’est le cas de la Grèce et de Chypre.
Georgios Papadopoulos, ancien homme fort de la dictature des colonels (1967-1974), fut condamné à mort en 1975 pour haute trahison, peine commuée par la suite en prison à vie qu’il purgera jusqu’à sa mort en 1999.
Ex-opposants devenus présidents
À Chypre, Níkos Sampson, éphémère président en 1974 lors d’un coup d’État qui visait à rattacher l’île à la Grèce, fut condamné en 1976 à 20 ans de prison. Il en fera moins de 10.
En Bulgarie, l’ancien dictateur communiste Todor Jivkov (1954-1989) échappa, pour sa part, à la prison. Condamné en 1992 à sept ans de prison pour détournement de fonds et abus de pouvoir, il sera finalement assigné à résidence.
L’ex-président français Jacques Chirac (1995-2007) ne fut, quant à lui, condamné qu’à du sursis en 2011, dans le dossier des emplois fictifs de la ville de Paris dont il avait été maire.
D’autres chefs d’État de pays actuellement membres de l’UE firent de la prison avant leur arrivée au pouvoir, en tant qu’opposants politiques: Vaclav Havel (République tchèque), Lech Walesa (Pologne), Gheorghe Gheorghiu-Dej (Roumanie), Eamon de Valera (Irlande) et Franjo Tudjman (Croatie). Tous ont ensuite dirigé leur pays avant leur entrée dans l’Union.
Père de l’indépendance de son pays et président de 1990 à 1999, le Croate Franjo Tudjman aurait pu retourner derrière les barreaux après son mandat. S’il mourut avant d’être inquiété, le Tribunal pénal international de l’ex-Yougoslavie a fait savoir par la suite qu’il aurait été inculpé de crimes de guerre, s’il avait été en vie, pour son action pendant la guerre de Bosnie (1992-1995).