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Devenu tétraplégique en 2010 au cours d’un match de rugby, Tony Moggio n’a jamais cessé d’avancer. Inspirant pour les autres, le Toulousain va réaliser un nouveau défi pour passer un message mais aussi se sentir vivant. Rendez-vous du 10 au 25 juin 2026.

« Je ne marche plus, mais j’avance toujours. » Cette phrase, elle colle à la peau de Tony Moggio. Il se l’est même tatouée sur le triceps gauche. Plus qu’une devise, un leitmotiv qui en dit long sur la résilience de l’ancien talonneur devenu tétraplégique à l’âge de 24 ans.

Tony Moggio dans les locaux de La Dépêche mercredi 8 octobre.

Tony Moggio dans les locaux de La Dépêche mercredi 8 octobre.
DDM – NATHALIE SAINT-AFFRE

« Cette phrase elle me parle bien car elle est vraie. Quand on m’a annoncé après l’accident que je n’allais plus pouvoir marcher, le monde s’est écroulé. J’avais 24 ans, j’étais dans le feu de l’action, je venais de rencontrer ma femme, et même si le chemin est fait de hauts et de bas, je n’ai jamais voulu que mon handicap prenne le dessus sur ma vie. » Comme il le dit si bien, il n’est pas en querelle avec son handicap, mais ce dernier lui joue parfois des tours.

700km à la force de ses bras

En attendant, l’ancien rugbyman de Castelginest âgé de 40 ans est en pleine préparation pour ce défi, son plus grand. Du 10 au 25 juin 2026, il reliera Royan à Sète en longeant le Canal des Deux-Mers. Un périple de 15 jours durant lequel il effectuera 13 étapes de 60 kilomètres environ. Son moyen de locomotion ? Un handbike. Un vélo avec deux roues avant et une arrière qu’il va pouvoir utiliser grâce à ses bras. Un plaisir pour cet amoureux de la Petite Reine.

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« Le vélo était quelque chose qui m’animait beaucoup lorsque j’étais valide, et il n’y avait aucune solution pour que je puisse en refaire, jusqu’à maintenant. Le fait de pouvoir remonter sur un vélo, voir le paysage défiler, c’est quelque chose de merveilleux, d’autant plus en le partageant avec des gens que j’aime. » Pour ce défi, sa monture a été ajustée sur-mesure, de quoi lui permettre d’être dans les meilleures conditions. « L’une des particularités de ce défi, c’est qu’il va falloir tenir sans blessures. C’est pour cela que mon handbike a été étudié de sorte que mes jambes soient bien positionnées, qu’elles n’aient aucun contact avec la structure du vélo car cela pourrait me blesser. »

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Le dossier a lui aussi été modifié, lui permettant de se guider. Paralysé à partir du thorax, il peut bouger ses bras, mais n’a pas de motricité ni de sensibilité au niveau de ses doigts. Au quotidien, il est aussi privé de 50 % de son souffle.

Une affaire de famille

S’il rayonne de par ses exploits, Tony Moggio n’en est pas moins très bien entouré. Pour cela, et comme tout Italien qui se respecte, c’est en famille qu’il réalise ses performances depuis des années. Pour ce qui est de la garde rapprochée, celle qui sera sur la route avec lui, son papa Jean-Claude et son beau-frère Grégory. Le dernier nommé, ambulancier de métier, dirigera le convoi. C’est lui qui gère l’itinéraire et les passages en zone compliquée comme les ponts. Le paternel quant à lui, qui a validé les tests à l’effort à 68 ans, assurera le volet médical. Mais plus que cela, les deux hommes seront un soutien psychologique pour Tony. Son épouse est aussi sollicitée pour faire le lien avec les « villages étapes ».

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Enfin, et ce n’est pas négligeable, son fils de 5 ans, Gianni, l’accompagnera sur quelques étapes. Tout comme sa mère ou encore sa sœur, une équipe très soudée dont il a besoin. « Sans eux rien ne serait possible. Je leur tire mon chapeau. C’est compliqué de concilier mes défis et ma famille. Mon fils a besoin de moi donc je ne peux pas être tout le temps à droite, à gauche. Et quand je vois leurs regards, je vois qu’ils sont fiers et ça n’a pas de prix. »

Plus qu’un message, une renaissance

Outre ces moments en famille, Tony Moggio fait surtout ce défi pour passer une nouvelle fois un message. « On pense que parce que l’on est en situation de handicap, on est triste, on ne peut pas travailler, ni faire de sport à haut niveau. Je voulais contrer ces préjugés et montrer que même si notre vie peut changer du jour au lendemain, que même avec un lourd handicap, on peut faire de grandes choses. »

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Et s’il veut donner ce témoignage aux autres, c’est aussi pour que, lui, se sente plus vivant que jamais. « J’ai besoin de cela car ça me fait renaître. Après mon accident, j’ai écrit des livres, je suis devenu conférencier et c’est très bien car ça a réveillé de nombreuses choses en moi, mais au fond ce n’est pas mon ADN. On me connaissait car j’allais courir le matin, je faisais du vélo et avec l’accident j’avais perdu cet aspect que j’ai retrouvé à travers mes défis. » Et forcément, dans la tête de Tony Moggio, il y a déjà un autre défi…