« Une inégalité d’accès à l’alimentation saine »

« On constate aujourd’hui un déséquilibre fort, avec une inégalité d’accès à l’alimentation saine », expliquait l’autre samedi le président de l’association Thierry Kopernick. « S’il y a un volet économique évident dans ce constat, il y a aussi un volet sociologique qu’il faut prendre en compte. »

Éloi Navarro, un des trois salariés et membre fondateur de la structure, poursuit la réflexion : «  L’aide alimentaire telle qu’on la connaît aujourd’hui en France répond à l’urgence mais pas aux défis sur l’agroalimentaire. » C’est ici qu’intervient l’idée de « démocratie alimentaire ». « Dans notre projet, en test sur une année, nous avons tous types d’habitants (entendre différentes générations, différentes approches, NDLR) demeurant à Koenigshoffen-Est (quartier prioritaire de la Ville). » « Chacun finance, selon ses moyens, une caisse collective augmentée de subventions. »

Circuit court

« Cette caisse, poursuit le salarié, permet de travailler avec des producteurs locaux. » Une offre en circuit court qui a été en partie déjà organisée par les pionniers précités, puisqu’ils ont travaillé avec l’association à la configuration du nouveau petit marché du jeudi. Un petit marché qui a aussi un programme d’animations (pris en charge par les associations du quartier, avec une permanence de l’association pour la sécurité sociale de l’alimentation) pour l’aspect pédagogique de la démarche auprès de tous les habitants du quartier.

« Cette sécurité sociale, on pourrait dire aussi cette mutuelle de l’alimentation à Koenigshoffen, est une petite brique de 20 personnes sur les 4 000 que compte le quartier », poursuit Éloi Navarro mais potentiellement aussi un levier « pour faire boule de neige auprès d’autres commerçants et artisans du secteur ».

24 000 euros pour 20 familles

L’expérience d’une année représente un montant engagé de 24 000 euros pour 20 familles qui payeront toutes une adhésion à l’association calculée en fonction de leurs revenus. L’Eurométropole de Strasbourg soutient cette démarche (*) dans le cadre de son projet alimentaire territorial. Lors du moment inaugural le 27 septembre, Antoine Neumann, conseiller municipal de Strasbourg délégué à l’alimentation et à l’agriculture nourricière s’est réjoui de cette initiative remontée de la base. « C’est sur les territoires, en ultra-proximité, qu’on invente les modèles de demain. »

Pour voir un tout petit peu plus loin que cette expérience en plein démarrage, on peut rappeler que l’objectif du collectif national “Pour une sécurité sociale de l’alimentation” est le financement d’une sorte de carte vitale alimentaire par la cotisation sociale.

*Ainsi que la DRAAF Grand Est, la DREETS Grand Est, le ministère des Solidarités et de la santé, le Fonds social européen, la Collectivité européenne d’Alsace et la Fondation de France.