Les mesures présentées par les préfets des Alpes-Maritimes et de la Méditerranée pour réguler l’accueil des croisiéristes sur la Côte d’Azur sont jugées insuffisantes par les deux maires, hostiles à ces «immeubles flottants».

Les maires de Nice et de Cannes sont insatisfaits des mesures communes présentées par les préfets des Alpes-Maritimes et de la Méditerranée, vendredi, pour la régulation des bateaux de croisières sur la Côte d’AzurChristian Estrosi (Horizons) a déploré un «constat d’échec loin des objectifs fixés» et David Lisnard (Les Républicains) a reconnu «un début de prise de conscience» mais des annonces «qui ne répondent pas aux enjeux locaux». Pourtant, les deux municipalités les plus importantes du département ont participé aux deux réunions afin de définir des règles communes permettant de concilier enjeux économiques et protection de l’environnement, alors que le sujet de l’accueil des croisiéristes vire à la polémique depuis un an.

Les autorités ont proposé que l’accueil des croisières soit limité à une par mois et à 15 en juillet et août sur chaque site, à savoir Cannes, Nice, Villefranche-sur-Mer, Beaulieu-sur-Mer ou encore Menton. Une moyenne à 2000 passagers maximum a encore été fixée. En cas de pic de pollution de niveau 2, les escales seront supprimées, ont encore notifié les préfectures dans un arrêté désormais ouvert à la consultation publique pendant trois semaines.


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Insuffisant pour les deux maires, hostiles depuis longtemps à ces «immeubles flottants» comme ils les surnomment. «En l’état, ces propositions auraient un impact marginal sur le littoral niçois et métropolitain», a expliqué Christian Estrosi dans un communiqué. L’édile niçois demande ainsi à «limiter strictement le nombre d’escales par an», sans pour autant donner de chiffre, et à «bannir l’accès des géants des mers et donner la priorité aux navires moins polluants». En janvier, Christian Estrosi avait fait part de sa volonté de chasser définitivement les bateaux de croisière, avant de revenir dessus et proposer une régulation, jugée illégale et finalement suspendue.

Menace de poursuites

«Si les mesures proposées étaient confirmées sans être durcies, j’engagerai alors une procédure contre l’État pour carence fautive afin de faire reconnaître la responsabilité publique dans la protection de la santé de nos concitoyens et de leur littoral», a menacé l’élu.

David Lisnard critique pour sa part cette «approche uniforme [qui] fait abstraction des spécificités territoriales et des choix exprimés localement en matière de protection environnementale et de modèle de développement touristique». L’édile cannois, également président de l’association des maires de France, dénonce des seuils «trop élevés et nettement plus permissifs».

«Ils ne permettent ni une réelle réduction de l’impact environnemental, ni une réponse adaptée aux habitants», poursuit-il, en martelant sa volonté d’une «politique locale plus exigeante et rigoureuse». Plus d’une centaine de bateaux de croisière viennent dans la baie de Cannes chaque année, ce qui en fait la troisième destination de toute la Méditerranée.

«Démarche sans précédent» pour le préfet

Ces deux élus de poids sur la Côte d’Azur poursuivent leur bras de fer avec l’État sur ce sujet épineux. Le préfet des Alpes-Maritimes, Laurent Hottiaux, a pourtant souligné «une démarche sans précédent», en concertation avec tous les acteurs. «J’ai pris ce sujet à bras-le-corps car il n’y avait que des initiatives fragiles et désordonnées», soutient le représentant de l’État, qui voit donc déjà ces propositions contestées.


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L’Union maritime du 06, association qui représente le secteur d’activité et qui s’était fermement opposée à l’interdiction voulue par Christian Estrosi, a de son côté salué «une régulation concertée, équilibrée et adaptée aux spécificités du littoral azuréen». «La croisière devient ainsi la seule activité de transport de passagers soumise à une régulation aussi stricte», a encore souligné l’UM06.