Un visiteur céleste passé inaperçu. Il est passé « très, très près », mais sans danger. Le 1er octobre, l’astéroïde 2025 TF, un objet d’environ deux mètres de diamètre, a survolé la Terre à une altitude comparable à celle de la Station spatiale internationale (soit entre 370 et 460 km). Selon les observations, expliquées par la Cité de l’espace de Toulouse, sa distance minimale a été précisément mesurée à 428 ± 7 kilomètres de la surface terrestre, soit l’un des passages les plus rapprochés jamais enregistrés pour un corps céleste. Mais aucune crainte : l’évènement, qui s’est produit à 00h47 UTC (2h47 heure de Paris), n’a pas provoqué le moindre incident. D’ailleurs, si 2025 TF avait pénétré l’atmosphère, seuls de minuscules fragments au sol auraient été retrouvés.

Une détection après coup

Le plus étonnant est ailleurs : l’astéroïde n’a été découvert qu’après son passage. Ce sont les instruments de Catalina Sky Survey, un programme de surveillance américain, qui ont repéré l’objet quelques heures plus tard. Peu après, le Bureau de défense planétaire de l’Agence spatiale européenne (ESA) a confirmé les observations grâce au télescope de l’Observatoire australien de Las Cumbres, à Siding Spring.

L’astéroïde 2025 TF vu par l’Observatoire Las Cumbres en Australie. © ESA / Las Cumbres Observatory

Comme le rappelle la Cité de l’espace, cet incident illustre la difficulté à détecter les petits objets célestes, souvent trop discrets pour être repérés à temps. Les spécialistes toulousains rappellent ainsi qu’« un objet de cette dimension ne présente pas de danger significatif pour la Terre ». Mais il met en évidence les limites des systèmes actuels de surveillance, optimisés pour les astéroïdes de plus grande taille.

Le défi de la défense planétaire

Cet épisode sans conséquence rappelle la nécessité de renforcer la défense planétaire face aux géocroiseurs. Les experts estiment que les objets « potentiellement dangereux » sont ceux de plus de 140 mètres de diamètre s’approchant à moins de 7,5 millions de kilomètres de la Terre.

Mais les plus petits, comme 2025 TF, n’en demeurent pas moins instructifs. Leur détection tardive souligne les zones d’ombre du dispositif mondial, notamment pour les astéroïdes proches du Soleil qui échappent souvent aux radars. Depuis la Terre, ceux-ci apparaissent seulement au crépuscule, ou sont masqués par la lumière du jour.

Les astéroïdes de Vénus, un risque discret

Parmi les corps célestes difficiles à repérer figurent ceux qui partagent l’orbite de Vénus. Actuellement, ils sont une vingtaine connus pour être « en résonance 1:1 » avec la planète, c’est-à-dire qu’ils effectuent une révolution autour du Soleil en même temps qu’elle.

La distance maximale entre Vénus et la Terre est de 259,71 millions de km. © NASA, APL, NRL

Les spécialistes de la Cité de l’espace soulignent que ces astéroïdes co-orbitaux ont des trajectoires elliptiques, susceptibles d’évoluer avec le temps. Sous l’effet de la gravité des autres planètes, leurs orbites pourraient devenir plus allongées et les rapprocher dangereusement de la Terre. Mais si cela arrive, ce sera dans plusieurs millénaires.

Les missions spatiales à la rescousse

Pour combler ces lacunes, la NASA prépare actuellement le télescope spatial Near-Earth Object Surveyor (NEO Surveyor). Ce nouvel outil sera placé au point de Lagrange L1, à environ 1,5 million de kilomètres de la Terre. Là, il pourra observer les astéroïdes selon un angle inédit, en regardant vers l’extérieur du Système solaire, et à l’abri de l’éblouissement solaire. Son objectif sera de cataloguer les astéroïdes difficiles à détecter depuis la Terre, et d’améliorer la prévention des risques d’impact. Depuis novembre 2021, la défense spatiale a franchi une étape décisive avec la mission DART de la NASA. Celle-ci visait à volontairement percuter l’astéroïde Dimorphos, prouvant qu’il est possible de modifier l’orbite d’un corps céleste.

La mission DART (pour « Double Asteroid Redirection Test ») s’est envolée en novembre 2021 pour un impact réussi le 26 septembre 2022. © USSF 30 Space Wing/Aaron Taubman/Flickr.

Du côté de l’Europe, elle poursuit aujourd’hui une expérimentation similaire avec la mission HERA, lancée pour analyser les conséquences d’un choc. La sonde devrait arriver sur place en décembre 2026 afin d’évaluer l’efficacité de cette méthode et sa potentielle utilisation contre un astéroïde réellement menaçant.

>> À LIRE AUSSI : Avec « Mission Lune », la Cité de l’espace renforce son offre évènementielle auprès des entreprises