L’avant/après peut-être le plus spectaculaire, c’est le port du Château. À gauche, le port militaire en 1999, avec trois vieux navires de la marine servant de brise-lames. Et, à côté, la photo du lieu tel qu’il est actuellement, avec la digue La Pérouse, la marina que l’on devine et le port de plaisance entre les deux.
Robert Gernot (à gauche) et Julien Creff exposent jusqu’au 6 janvier 2026, aux Capucins, leurs photos aériennes de Brest, prises à quelques décennies d’intervalles. (Photo Le Télégramme/David Cormier)
Les nostalgiques des photos de Yann Arthus-Bertrand, dont « La Terre vue du ciel » exaltait les beautés de la nature, ne trouveront guère leur compte dans l’exposition « Brest vu du ciel », aux Capucins, jusqu’à 6 janvier 2026. En revanche, les personnes qui aiment Brest et la comparaison entre ce qu’elle est aujourd’hui et la ville des années 80 et 90, assurément. Cela rafraîchira les mémoires de certains (« Tiens, je pensais que l’on avait perdu plus de verdure depuis trente ans », avoue un fin observateur brestois) et en apprendra aux plus jeunes.
Le drone a remplacé l’avion
Deux générations de photographes se côtoient dans cette exposition. Robert Gernot a légué en 2022 sa collection de plus de 10 000 clichés aériens de Brest et de la métropole, pris entre 1975 et 2004. « C’est 15 % de la totalité des fonds conservés aux archives ! », a souligné François Cuillandre, le maire, lors du vernissage, ce lundi 13 octobre 2025. Julien Creff, lui, a pris des photos à l’aide d’un drone cette année, en respectant le plus possible les angles de vue. « Exactement le même, c’est parfois impossible compte tenu de la limite de vol des drones à 120 m de hauteur », a-t-il précisé. L’effet est parfois saisissant, d’autres fois moins, comme la place de Strasbourg et ses alentours n’ont pas changé tant que ça, hormis la disparition du gros bâtiment Citroën, qui saute aux yeux.
Il y avait toujours un accompagnateur de la marine, et mes photos étaient développées dans un bureau de la sous-préfecture pour passer à la censure
« Je suis arrivé à Brest en 1970. C’est la DDE (Direction départementale de l’équipement, NDLR) qui m’a demandé des photos aériennes », se rappelle Robert Gernot, alors photographe industriel. « C’était un imbroglio de réglementations, avec une zone interdite de vol. Il y avait toujours un accompagnateur de la marine, et mes photos étaient développées dans un bureau de la sous-préfecture pour passer à la censure. On ne pouvait pas tout montrer ! ».
« Avec l’hélicoptère, c’était le rêve ! »
Un premier avion a été remplacé par un Cessna, comme celui qui dessert Ouessant aujourd’hui. « Il était beaucoup plus pratique. Puis, quand il y a eu la zone Seveso, c’était avec l’hélicoptère de la Protection civile. Là, c’était le rêve ! », s’enthousiasme encore Robert Gernot. « Avec le drone, je n’ai pas les mêmes contraintes. Les goélands, au centre-ville surtout, l’attaquent parfois : ce ne devait pas être un problème à l’époque ! », sourit Julien Creff.
Plusieurs dizaines de personnes sont vneues au vernissage de l’exposition « Brest vu du ciel », ce lundi 13 octobre 2025 en fin de matinée, aux Ateliers des Capucins, passage des Arpètes. (Photo Le Télégramme/David Cormier)
Julien, plus jeune, était copain avec le fils de Robert. C’est Robert qui lui a donné le goût de la photo. Outre l’intérêt, réel, de l’exposition, l’événement vaut aussi, au fond, pour cette jolie histoire.
Pratique
« Brest vu du ciel », 21 photographies en avant/après, jusqu’au 6 janvier 2026 aux Ateliers des Capucins, 25, rue de Pontaniou, à Brest. Entrée libre. Robert Gernot sera présent chaque samedi.