L’annonce de la venue de Benyamin Netanyahou au sommet sur Gaza lundi à Charm el-Cheikh a suscité lundi une levée de boucliers de dirigeants de la région et provoqué un rétropédalage rapide du Premier ministre israélien, selon plusieurs sources diplomatiques. « En tout cas (le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud) Abbas était prêt à le rencontrer. C’est dommage », glisse à l’AFP une source diplomatique occidentale.

La participation du dirigeant palestinien a été annoncée en dernière minute, puis confirmée lundi matin par le président français Emmanuel Macron à son arrivée à ce sommet censé consacrer le plan Trump qui a permis un cessez-le-feu à Gaza et prévoit de mettre fin définitivement au conflit entre Israël et le Hamas.

Peu après, la radiotélévision publique israélienne annonçait que Benyamin Netanyahou se rendrait aussi au sommet, une information confirmée dans un communiqué de la présidence égyptienne.

« La plupart des Israéliens ne sont pas convaincus par cet argument »

Un responsable de la Maison Blanche assurait que le président américain, en visite en Israël avant d’aller en Égypte, avait organisé un appel avec son homologue égyptien Abdel Fattah al-Sissi au cours duquel le Premier ministre israélien avait été invité.

Mais une heure plus tard, marche arrière : Benyamin Netanyahou « a remercié Donald Trump pour l’invitation mais déclaré qu’il ne pourrait pas assister au sommet en raison de la fête » juive de Simchat Torah (« Joie de la Torah ») commençant lundi à la tombée de la nuit, faisaient savoir ses services dans un communiqué.

Michael Milshtein, ancien officier du renseignement militaire, aujourd’hui expert en affaires palestiniennes au Moshe Dayan Center de l’Université de Tel-Aviv, souligne que « la plupart des Israéliens ne sont pas convaincus par cet argument selon lequel c’était à cause des vacances » et penche lui-même pour des « considérations politiques », « peut-être liées à sa peur des Haredim » (partis ultraorthodoxes).

Une pression turque et une menace irakienne

La Turquie soutenue par des pays arabes affirme pour sa part avoir fait pression pour empêcher sa venue, a indiqué à l’AFP une source diplomatique turque. « À l’initiative du président (Recep Tayyip) Erdogan et grâce aux efforts diplomatiques de la Turquie, avec le soutien des autres dirigeants, Netanyahou n’assistera pas à la réunion en Égypte », s’est félicitée cette source.

La Turquie, proche des dirigeants politiques du Hamas, a participé aux négociations avec le mouvement palestinien à Doha, au côté du Qatar et de l’Égypte et entend jouer un rôle dans l’application et la surveillance du cessez-le-feu à Gaza.

L’Irak, qui ne reconnaît pas Israël, a également menacé de se retirer du sommet « si Netanyahou y participait », a confié à l’AFP Ali al-Mousawi, conseiller du Premier ministre irakien.

« C’était mieux de faire comme ça », estime Macron

Selon lui, « la partie égyptienne a entendu et a informé Netanyahou qu’il ne pouvait pas être reçu, ce qui a conduit à l’annulation de sa participation » au sommet. « Il y a ici plein de pays qui ne reconnaissent pas Israël, certains ont paniqué, ils ne voulaient pas la photo avec lui », a expliqué un membre d’une autre délégation à Charm el-Cheikh. « Donc il a rétropédalé. »

« Je pense qu’il y avait beaucoup de dirigeants que ça mettait en porte-à-faux et donc je pense que c’était mieux de faire comme ça », a pour sa part commenté le président Macron avant son départ, tout en soulignant que « les choses ont été très bien organisées ». « Je pense que le président Trump aime faire des opérations. J’ai un peu le même tempérament. Je comprends très bien », a-t-il dit.