L’idée fait son chemin, et ce jusqu’au sommet du pouvoir russe. Dans les colonnes de Russia in Global Affairs, revue russe d’analyse des relations internationales, considérée comme un relais de la pensée géopolitique du Kremlin, l’adhésion de l’Ukraine à l’Otan est évoquée. Comme le rapporte Courrier international, si elle a longtemps constitué une ligne rouge pour la Russie, cette adhésion semble, aujourd’hui, ne plus représenter la menace existentielle qu’elle était, en 2022, pour Vladimir Poutine.

Depuis de nombreuses années, le dirigeant russe a en effet affirmé à de multiples reprises que l’adhésion de l’Ukraine à l’alliance transatlantique restait inacceptable. « Nous ne nous sommes jamais opposés à la candidature de l’Ukraine à l’UE. En ce qui concerne l’Otan, c’est une autre affaire », déclarait-il encore en septembre 2025, selon l’agence de presse russe Interfax.

À LIRE AUSSI Poutine et ses militaires ont-ils peur de la bombe nucléaire française ? En effet, l’adhésion de l’Ukraine à l’UE n’était pas vue comme une ligne rouge, mais tout au mieux comme « un compromis entre les aspirations européennes de l’Ukraine et la position de principe de Moscou sur le caractère indispensable du statut neutre, « hors blocs », de son voisin ». Les membres de l’Otan ont, eux, réaffirmé plusieurs fois que l’avenir de l’Ukraine se jouerait au sein de l’organisation.

Une intégration aux normes occidentales

Mais, en presque quatre ans de conflit, la donne a changé. « Le simple fait que la guerre se poursuive depuis déjà presque quatre ans, avec une impasse des positions de plus en plus souvent reconnue, laisse à penser qu’on est parvenu à un certain équilibre tactique – une situation que bien peu de personnes avaient prévue en Russie au mois de février 2022 », explique Russia in Global Affairs.

L’Ukraine s’est par ailleurs complètement intégrée aux normes des partenaires occidentaux de l’Ukraine : instructeurs militaires occidentaux, modernisation de l’armée par des technologies occidentales, échanges de renseignements… L’armée suit les normes de l’alliance. À tel point que, selon la revue, elle pourrait remplir tous les critères du Plan d’action pour l’adhésion de l’Otan [programme d’aide et de conseils de l’Otan pour préparer un pays candidat à l’adhésion, NDLR].

À LIRE AUSSI « L’un des objectifs de la Russie est que l’Europe ne soit qu’un marché commun, sans capacité de nuisance » D’autre part, certaines craintes de la Russie semblent n’avoir plus lieu d’être. Le refus historique de l’adhésion de l’Ukraine à l’Otan résidait dans une peur pour la sécurité des frontières occidentales de la Russie. Elle craignait en effet, avant le début de la guerre en 2022, de perdre le contrôle sur la rive nord de la mer Nord, et le déploiement d’armes de haute précision sur le territoire ukrainien.

« La perspective ne peut plus justifier les mêmes craintes »

Cette crainte semble pour le moins infondée aujourd’hui : d’une part, la Russie contrôle largement la rive nord de la mer Noire jusqu’à Kherson. D’autre part, il n’y a pas eu besoin d’adhésion ukrainienne à l’Otan pour que l’armée russe soit visée par les systèmes de haute précision européenne. « Dans cette optique, les craintes de la Russie face à la perspective de voir l’Ukraine renoncer à son statut “hors blocs” n’ont aucun sens, dans la mesure où son alignement [sur l’Occident] s’est déjà concrétisé en dehors des procédures officielles relevant du droit international. »

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« Les prétendues “lignes rouges”, si souvent invoquées en quatre ans de conflit, n’ont pas plus de valeur que dans le discours politique des belligérants directs », est-il ainsi expliqué. « Dans cette nouvelle réalité de la fin de 2025, la perspective d’une adhésion de l’Ukraine à l’Otan ne peut plus justifier les mêmes craintes, disons, qu’en 2021. »

À LIRE AUSSI Général Vigilant : « La seule force de Poutine, c’est notre peur » Envisager l’adhésion de l’Ukraine à l’Otan, c’est avant tout faire un état d’une évolution : « Le statut neutre (et, reconnaissons-le, prorusse) de l’Ukraine appartient au passé, du point de vue non seulement économique et culturel, mais également militaire, abonde le Russia in Global Affairs. Et plus le conflit va durer, plus va s’imposer la nécessité de négocier non plus seulement à l’échelon de Moscou et de Kiev, mais en tenant compte des nouvelles alliances déjà nouées par les deux parties en présence. » De quoi faire plier Vladimir Poutine ?

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