Le mouvement canadien de boycottage des produits américains se fait sentir au sud de la frontière et des commerçants «innocents» affirment payer la note.

Ventes en chute libre, carnet de réservations vidé, licenciements: voilà le portrait que plusieurs dirigeants d’entreprises aux États-Unis ont dressé à CNN dans un reportage publié lundi.

Gareth Moore, le patron de la Distillerie Virginia, affirme avoir vu ses ventes canadiennes de whisky s’effondrer après la naissance du mouvement visant à répliquer aux tarifs douaniers et aux menaces de 51e État de Donald Trump.

«On prévoyait tripler notre chiffre d’affaires. À la place, c’est tombé à zéro», a déploré l’homme d’affaires.

Ayant vu ses bouteilles être retirées des tablettes dans certaines provinces, Gareth Moore estime être «victime» d’une guerre commerciale «laide» qui ne le concerne en rien.

«Nous ne faisons pas de politique. Nous ne sommes que quelques gars de Virginie qui fabriquent du bon whisky.»

Un autre point qui fait mal : la décision de nombreux Canadiens de ne plus visiter les États-Unis.

Le propriétaire du Bluff Point Golf Resort, un parcours situé à Plattsburgh, constate une «baisse dramatique» de la clientèle canadienne.

«Il est très rare de voir quelqu’un venir jouer au golf en provenance du Canada», raconte Paul Dame à CNN. Normalement, près de 70% des golfeurs journaliers à son terrain proviennent du nord de la frontière.

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«Le plus difficile pour nous, c’est que nous n’avons rien fait […] Les Canadiens ne sont tout simplement pas heureux. Ce n’est pas une question de politique économique. Ce sont ces choses blessantes dites à propos de leur pays», avance-t-il.

De son côté, Mark Collins, un homme d’affaires natif de Terre-Neuve-et-Labrador qui a émigré aux États-Unis, subit aussi les contrecoups de l’effritement de la relation entre les deux pays qui lui sont si chers.

Le PDG d’un service de traversier basé à Seattle a vu les ventes de billets au Canada fondre comme neige au soleil. Sa compagnie Clipper Navigation vendrait 30% moins de trajets Vancouver-Seattle depuis le début de l’année.

Pour lui, les multiples menaces d’annexion du Canada par le président Donald Trump sont la goutte qui a fait déborder le vase.

«Il y a définitivement un sentiment de fierté nationale à être offensé. Les gens disaient: « Si ça doit se passer comme ça, j’ai un choix et mon choix est de ne pas voyager aux États-Unis »», estime Collins.

Le Canadien d’origine admet n’avoir eu d’autre choix que de licencier le quart de sa main-d’œuvre.

«Nous nous accroupissons. Il ne semble pas que la situation s’améliore de sitôt», conclut-il.