La compagnie veut réduire la voilure dans les escales de province, à Orly et dans certains services. Tous les départs seront volontaires.

Chez Air France, il n’est pas question de faire des plans sociaux à base de licenciements, alors que l’Etat français détient 28% du capital. Cela n’empêche pas la compagnie de se mettre régulièrement au régime. À la suite de la pandémie de Covid, 6 500 postes avaient été supprimés fin 2021 grâce au départ volontaire d’autant de collaborateurs dans d’excellentes conditions.

Aujourd’hui, la compagnie nationale réitère cette stratégie, mais dans une bien moindre ampleur. Elle veut faire disparaître près de 260 postes dans quelques secteurs (escales, informatique, call centers, ventes…) en perte de vitesse – les appels au call center ont par exemple reculé de 15% depuis un an. Le groupe a signé fin septembre une RCC (Rupture conventionnelle collective) où, une nouvelle fois, seuls les candidats au départ des services identifiés quitteront l’entreprise de façon volontaire entre avril 2026 et décembre 2027.


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On peut s’étonner qu’Air France envoie ce signal plutôt anxiogène à ses troupes alors que la compagnie est en bonne forme financière : au premier semestre, elle a réalisé des ventes de 5,2 milliards d’euros, en progression de 7,9%, en dégageant une marge d’exploitation de 9,5%. « C’est souvent une solution pour un collaborateur en fin de carrière qui voudrait rester dans une ville où il y a moins de moins d’activité pour Air France », glisse un proche du dossier.

Marseille et Lyon dans le viseur

Concrètement, l’entreprise a dans son viseur les escales en province. Avec, selon le groupe, 30 postes en trop à Marseille, 30 à Lyon, 20 à Ajaccio, 20 à Bastia, 23 à Strasbourg… Entamée à la fin des années 2010, la réduction des postes dans ces escales n’est pas une première, loin s’en faut. Mais la compagnie tricolore souhaite encore y réduire son empreinte : son activité court-courrier n’est jamais revenue au niveau d’avant Covid. Et la loi climat et résilience de 2021 qui interdit les vols Bordeaux-Orly, ou Lyon-Orly, ne l’a pas aidé.

Le cas de l’aéroport d’Orly, où Air France estime le sureffectif à 80 postes, est spécifique. Air France a annoncé depuis trois ans qu’il regrouperait toutes ses opérations à Roissy. À partir de 2026, la compagnie n’exploitera plus à partir d’Orly que ses vols vers la Corse. Les créneaux horaires sur cet aéroport seront repris Transavia, la filiale low cost du groupe. D’où les suppressions de postes chez Air France à Orly.

Mais d’autres secteurs pourraient payer leur tribut : le dispositif est ouvert « également aux salariés des directions : Informatique, Commercial Passage, Économie et Finances, Exploitation aérienne », lit-on dans le document fixant les modalités de la RCC. Sont ciblés plus particulièrement des personnels en call center.

Pour remplir ses quotas et trouver des candidats au départ, Air France met les moyens. Elle a prévu deux dispositifs : un pour les salariés proches de l’âge de la retraite et un autre pour les collaborateurs ayant un projet professionnel en dehors d’Air France. Les plans de départs volontaires précédents ont montré que 90% des départs étaient le fait de collaborateurs en fin de carrière. Trois ans avant son départ en retraite, le salarié peut s’inscrire dans un dispositif nommé DFC (Dispositif fin de carrière) : il touche 70% de sa rémunération brute, et a toujours droit aux billets d’avion à tarifs préférentiels sur Air France.


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Les autres candidats au départ qui sont au milieu de carrière ont droit aussi à une multitude d’avantages : par exemple, s’il veut créer ou reprendre une entreprise, le salarié partant pourra bénéficier d’un congé de mobilité pendant lequel il touchera 70% de son salaire brut pendant dix mois. Et s’il trouve un emploi à 100 km de son domicile, il percevra une prime de 4 000 euros à laquelle il faut ajouter 500 euros par membre de sa famille (épouse, enfants).

Pas étonnant que ce dispositif ait un certain succès. En 2024, la compagnie avait déjà signé avec les syndicats une RCC (Rupture conventionnelle collective). Personnel de call center, assistants commerciaux, agents d’escale… le groupe voulait déjà supprimer des emplois dans ces départements. « L’objectif était de supprimer 371 postes. Finalement, 380 sont partis», sourit un proche du dossier.