INFO LE FIGARO – Un individu, placé en détention provisoire à la prison de Bordeaux-Gradignan, a été violemment passé à tabac et déshabillé par d’autres prisonniers dans la cour de promenade parce qu’ils venaient de découvrir qu’il est accusé de viol.

Les faits se sont déroulés mardi dernier dans une cour de promenade du bâtiment B de la prison de Bordeaux-Gradignan, surnommée la jungle par certains surveillants pénitentiaires. Dans une vidéo d’une violence extrême que Le Figaro a pu consulter, on aperçoit un individu pris à partie par une dizaine d’autres prisonniers. «Ordure», «à poil», «sale violeur», «fils de p***», vocifèrent ses agresseurs.

Alors qu’il est à terre, encaissant coups de pied et coups de poing, le pantalon aux chevilles et presque inconscient, un détenu assène : «Laissez-le, qu’il crève ! Cela lui apprendra à toucher des enfants, il n’y a pas de place pour les violeurs ici.» Puis, un autre prisonnier vole à la victime ses chaussures. En arrière-plan, une quinzaine d’autres prisonniers, dont celui qui filme la scène depuis sa cellule, imitent bruyamment des cris d’animaux tels que le loup ou des fauves.

Selon nos sources, la personne passée à tabac et déshabillée est un prévenu, mis en examen pour plusieurs viols et placé en détention provisoire le 29 octobre 2021. Ces agresseurs venaient d’apprendre le motif réel de sa mise sous écrous. «Les détenus accusés de viols mentent et inventent d’autres motifs d’incarcération [pour éviter de telles représailles, NDLR]», explique un membre de l’administration pénitentiaire. Avant de préciser : «Souvent, il arrive que les agresseurs soient incarcérés eux aussi pour des faits similaires. Or, le fait de frapper “un violeur” crédibilise leur mensonge aux yeux des autres.»

Enquête en cours

Immédiatement signalés au procureur de la République, les faits font l’objet d’une enquête confiée à la police nationale et ouverte du chef de «violences volontaires ayant entraîné une ITT supérieure à 8 jours», indique au Figaro le ministère public. Présumé innocent des faits dont il est accusé jusqu’à son jugement, le prévenu victime de cette violente agression a été changé de cellule et déplacé dans le quartier des personnes vulnérables. Plusieurs de ses agresseurs, identifiables sur la vidéo qui circule sur les réseaux sociaux, doivent être convoqués en conseil de discipline au sein de la prison avant de faire face à la justice.