Peu importe la réalité, finalement. Ce qui compte, pour Donald Trump, c’est son autocélébration. Après son passage devant la Knesset, le Parlement israélien, et sans juger utile de se déplacer à Ramallah, le président états-unien s’est rendu, ce 13 octobre, au sommet de Charm el-Cheikh (Égypte) placé sous le thème de « la paix au Moyen-Orient ».

Devant plus de 20 dirigeants européens, arabes et d’autres pays membres de l’Organisation de la coopération islamique, le milliardaire n’a pas lésiné sur le caractère historique qu’il entendait donner à son plan, prétendant que la guerre était bel et bien terminée « après 3 000 ans, ou disons entre 500 et 3 000 ans, mais qu’importe, c’est beaucoup », a-t-il dit en préambule.

Qu’importe, donc, que la phase qui s’ouvre soit celle des incertitudes quant au retrait israélien ou au désarmement du Hamas. Le même flou règne autour des missions attribuées à la force d’interposition internationale pour faire respecter le cessez-le-feu. Celle-ci pourra-t-elle empêcher Israël d’utiliser l’espace aérien au-dessus de Gaza ?

Donald Trump contrecarre l’initiative franco-saoudienne

Selon la déclaration de Charm el-Cheikh, signée sans le Hamas et les représentants israéliens comme ce fut le cas du cessez-le-feu, Le Caire, les États-Unis, la Turquie et le Qatar s’engagent à une « paix durable » suffisamment vague pour que, in fine, le dialogue n’aboutisse pas à la création d’un État palestinien

Le président égyptien, Abdel Fattah Al Sissi, a bel et bien évoqué la réalisation de la solution à deux États comme « seule voie viable », mais sans s’avancer sur une feuille de route qui mette fin à l’occupation. « Je ne parle pas d’un seul État, de double État ou de deux États. Nous parlons de la reconstruction de Gaza », a tranché le locataire de la Maison-Blanche dans l’avion qui le ramenait à Washington.

En élevant le président turc, Recep Tayyip Erdogan, au rang des signataires, le président états-unien a contrecarré l’initiative franco-saoudienne, qui entend veiller à ce que l’Autorité palestinienne soit impliquée dans la future gouvernance de Gaza et à ce que le lien soit rétabli entre l’enclave palestinienne et la Cisjordanie occupée. Pour mémoire, Israël et Turquie avaient, par leurs actions respectives, favorisé la chute de Bachar Al Assad en Syrie en décembre 2024. Un jalon de plus vers le remodelage d’un Moyen-Orient où les intérêts états-uniens ne seraient pas contrariés.

En guise de paix, ce 14 octobre, l’armée israélienne a tué 5 Palestiniens à Gaza-ville, et 1 autre vers Khan Younès. En violation de l’accord, Israël a également décidé de ne pas rouvrir le point de passage de Rafah, ce mercredi, entravant encore l’accès de l’aide humanitaire. Dans une interview à Fox News, un porte-parole du ministère des Affaires étrangères du Qatar a confirmé que les prochaines étapes « allaient être très difficiles ».

À tel point que les discussions sur la deuxième phase ont été reportées afin de s’assurer du succès de la première. Donald Trump déclarait qu’il serait « fier » de « pouvoir fouler (la) terre (de Gaza) prochainement ». Ce n’est visiblement pas pour tout de suite.

Pour une information libre sur la Palestine

Nous avons été l’un des premiers médias français à défendre le droit des Palestiniens à disposer d’un État viable dans le respect des résolutions de l’ONU. Et nous avons inlassablement défendu la paix au Proche-Orient. Aidez-nous à continuer de vous informer sur ce qui se passe là-bas. Grâce à vos dons.
Je veux en savoir plus !