Après plusieurs années de négociations mouvementées pour trouver un point de chute à la célèbre Fête Saint-Michel, qui s’est tenue dix ans durant sur le parking du Zénith de Toulouse, cela faisait deux ans que les forains s’installaient pour cette grande manifestation familiale au MEET, le nouveau parc des expositions d’Aussonne, au nord de la Ville rose.

La dernière édition, qui s’est achevée le 12 octobre, est pourtant source d’un nouveau bras de fer entre les forains et la mairie de Toulouse. Les premiers dénoncent une facture multipliée par trois pour un mois d’installation alors même que les tarifs avaient été âprement négociés avec la Ville en amont.

Thomas Bruch, le trésorier de la Fédération des forains de France (FFF), présent durant un mois et demi à cette fête, rappelle que des réunions sur les tarifs ont eu lieu tout l’été avec la municipalité et qu’il avait été acté par un mail du 8 septembre que les forains paieraient 0,12€ par jour et par mètre carré pour l’édition 2025, les tarifs devant être réévalués en 2026.

Les plus gros manèges ont dès lors commencé à s’installer sur le site les 12 et 13 septembre. Mais, le 19 octobre, une heure avant l’ouverture au public, les forains ont reçu un mail les conviant à une réunion lors de laquelle l’élue chargée du dossier leur a indiqué que le tarif serait bien de 0,35€.

« La mairie n’a pas respecté son engagement »

« On nous a mis au pied du mur une fois qu’on était installé : le tarif validé en conseil municipal en juillet à 0,35€ a été modifié pour créer, le 1er octobre, une catégorie pour les installations de moins de 100 m2 payant 0,15€ et une pour les plus de 100 m2 au tarif de 0,35€, détaille Thomas Bruch. Nous avons reçu les factures vendredi, deux jours avant la fin de la fête : c’est catastrophique car la mairie n’a pas respecté son engagement, ce n’est pas possible pour un forain comme le Grand 8 de payer 9 000 euros au lieu des 3 000 euros convenus au début. »

De son côté, la mairie reconnaît une hausse « modeste » de la redevance d’occupation du domaine public à cause des fortes contraintes budgétaires. La collectivité a notifié une hausse de 0,23€/jour/m2, la redevance passant de 0,12€/jour/m2 à 0,35€/jour/m2. « Cette tarification, qui n’avait pas été réévaluée depuis de nombreuses années, vise à rééquilibrer raisonnablement la charge des coûts de fonctionnement que représente l’accueil de la fête Saint-Michel », précise la mairie de Toulouse.

90 000 euros restent à la charge du contribuable

« Même portée à 0,35€/m²/jour, cette redevance est loin de couvrir les dépenses d’accueil de la fête puisque près de 90 000 euros restent à la charge de la collectivité et donc du contribuable toulousain ». La collectivité souligne également les efforts engagés ces dernières années pour soutenir la Fête Saint-Michel : plus de 12 millions d’euros investis pour l’aménagement des plates-formes du champ de foire et des parkings de la clientèle, près de 480 000 euros de dépenses spécifiques liées à la base de vie des forains et environ 230 000 euros de dépenses prévues en 2025 pour l’accueil des caravanes sur la plate-forme du cynodrome.

« Ces investissements, poursuit la municipalité, font de Toulouse la collectivité en France qui a le plus investi pour recevoir une fête foraine tout en maintenant une redevance dont le montant reste inférieur ou comparable à la moyenne nationale. Il est à noter également que la fréquentation de la fête est en forte hausse ces dernières années : plus de 258 000 visiteurs en 2024 contre 135 000 estimés en 2021 sur le site du Zénith et même beaucoup moins lorsque la fête foraine se tenait sur les allées Jules Guesde. »

Des arguments balayés par les forains qui assurent que l’aménagement des parkings pour leurs besoins pendant un mois et demi concerne principalement l’installation électrique mais que le site est géré tout le reste de l’année par un exploitant à qui ces aménagements profitent aussi. Sur la hausse de la fréquentation, le représentant de la FFF reste dubitatif, soulignant qu’elle est importante les vendredis, samedi et dimanche mais qu’ils ouvrent à perte les autres jours.

« Quand la fête était en centre-ville, il y avait du monde tous les jours alors qu’au MEET, c’est plus fluctuant pour les 520 forains, développe Thomas Bruch. De plus, beaucoup de gens viennent mais ne consomment pas. » Les forains espèrent trouver une porte de sortie à la polémique avec la mairie de Toulouse.