Depuis dix jours, les établissements pénitentiaires sont pris pour cible. Dans la nuit de lundi à mardi, la prison nantaise a été touchée par des actes malveillants.
Depuis dix jours, les attaques contre des établissements pénitentiaires ou agents se multiplient. Bouches-du-Rhône, Isère… 65 faits ont eu lieu dans un tiers des départements français, a annoncé ce matin le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, sur BFMTV-RMC. Jusqu’alors préservée, la Loire-Atlantique a été à son tour prise pour cible. Dans la nuit de lundi à mardi, aux alentours de minuit, deux individus cagoulés ont mis le feu, probablement avec un liquide inflammable, à des prospectus situés devant la prison de Nantes, a appris Le Figaro de source policière. Des vêtements partiellement calcinés ont été retrouvés au sol. Deux tags «DDPF», en écho au groupe revendiqué de «défense des droits des prisonniers français», ont également été constatés.
«Une enquête a été ouverte sur le feu de prospectus devant la maison d’arrêt de Nantes et confiée à la police judiciaire», confirme au Figaro le procureur de la République Antoine Leroy. Mardi, les deux individus étaient toujours en fuite. «Les agents de nuit ont vu les individus s’approcher avec ce qui ressemblait à un jerrican», raconte William Cozic, représentant syndicat FO Justice à la prison de Nantes. Les caméras devraient aider à éclaircir le mystère.
Aujourd’hui, il y a des faits avérés qui rendent palpables le sentiment d’insécurité de ces dernières années
Délégué FO Justice à la prison de Nantes
Ces individus ont-ils suivi la tendance nationale ou ont-ils agi dans leur coin ? «On en parle. C’est toujours compliqué quand il y a des mouvements comme ça. Est-ce qu’ils n’ont pas fait ça histoire de faire un beau Tik Tok pour se mettre en valeur ou faire de la surenchère ?», s’interroge le délégué syndical.
Une chose est sûre, ce climat ne rassure pas le personnel. «On change de dimension. Aujourd’hui, il y a des faits avérés qui rendent palpables le sentiment d’insécurité de ces dernières années, constate William Cozic. Depuis 20 ans, les collègues de la pénitentiaire entendent les détenus leur dire : “on va t’attendre à la sortie”. Ces menaces sont courantes. Mais maintenant, les événements laissent penser que ça peut arriver. Ce qui était dans l’imaginaire peut devenir concret. » Il souligne qu’il arrive que les personnels tombent sur des anciens détenus, au supermarché par exemple, et que cette situation ne tranquillise pas non plus les familles des agents. «Il faut faire front, l’affaire est prise au sérieux au plus haut niveau de l’état, c’est quand même rassurant», confie le représentant de FO Justice. Malgré ces épisodes inquiétants, le personnel continue de travailler. «Il faut être prudent mais on ne peut pas s’arrêter de vivre pour autant», conclut-il.