C’est un réseau social aussi sulfureux qu’à succès. Créé en 2016, OnlyFans est un discret géant du numérique. Moins connu que TikTok ou YouTube, ce service hébergeant des contenus de célébrités ou d’anonymes a pourtant généré 1,4 milliard d’euros de chiffre d’affaires en 2024. Il revendiquait aussi 400 millions d’utilisateurs.
De quoi attirer l’attention de Martin Weill. Le reporter de TMC consacre, ce mercredi soir, un documentaire au phénomène. D’autant que, contrairement à d’autres plates-formes ayant pignon sur rue, ces services — dont le Français MYM, qui héberge principalement des contenus érotiques voire pornographiques. Le plus souvent produit par des femmes, OnlyFans étant, par exemple, alimenté par pas moins de 4 millions de créatrices. La promesse ? Un lien direct et authentique entre elles et les consommateurs, qui les rémunèrent via un abonnement ou à la demande.
Un business de l’intime des plus juteux, qui fait la fortune de certaines. La numéro 1 mondiale d’OnlyFans, Sophie Rain, 21 ans, revendique avoir gagné 82 millions de dollars en seulement un an et demi grâce à ses publications. En 2024, la chanteuse britannique Lily Allen a aussi assuré que vendre des photos de ses pieds via ce service lui rapportait plus que sa musique sur Spotify.
« La fortune promise n’est souvent qu’un mirage »
Un Eldorado qui attire naturellement des personnes en quête d’argent facile. À côté des stars qui empilent les millions, OnlyFans et MYM contribuent surtout à ubériser la production de photos et vidéos de charme, avec des créatrices qui peuvent être votre voisine, votre collègue ou votre boulangère. À l’instar de cette jeune française de 29 ans rencontrée par Martin Weill dans son reportage.
Rêvant de devenir comédienne, cette dernière se prend depuis trois ans en photo, dénudée, dans sa chambre de bonne de 9 m2. Objectif : « Arrondir ses fins de mois » en attendant de percer. Elle en tire environ 300 euros par mois. Car la fortune promise n’est souvent qu’un mirage, le revenu moyen des créateurs étant estimé entre 150 et 180 dollars par mois. Et seulement 1 % d’entre eux gagne plus de 6 000 dollars.
Des agents se « revendent » les créatrices
Surtout, ces plates-formes génèrent des dérives bien décortiquées par le documentaire de TMC. Parmi elles, la volonté de certaines entrepreneuses d’aller toujours plus loin pour faire grossir leur magot. À l’instar de Bonnie Blue, sulfureuse actrice porno qui multiplie les « gangs bangs géants » : elle assure notamment avoir couché avec plus de 1 000 hommes en 24 heures. Des opérations destinées à faire le buzz et booster les performances de son compte, même si elle a depuis été bannie d’OnlyFans pour « contenus trop extrêmes ».
L’apparition, sur ces plates-formes, de « managers » ne manque pas non plus d’interroger. Ces agents aux profils souvent obscurs sont censés maximiser les revenus de leurs « modèles ». Et au passage les leurs, via des commissions s’élevant parfois à 60 % du chiffre d’affaires qu’elles génèrent. Certains se « revendent » même les créatrices, souvent sans même les prévenir. À tel point que beaucoup y voient un « proxénétisme nouvelle génération » profitant du vide juridique actuel. L’un des nombreux enjeux abordés par ce reportage édifiant abordant un sujet de société majeur.