Fort de son score aux dernières élections législatives allemandes, le parti d’extrême droite Alternative pour l’Allemagne (AfD) rêve désormais d’une victoire écrasante aux élections régionales du Land de Saxe-Anhalt, dans le centre du pays, qui doivent se tenir le 6 septembre 2026. Pour maximiser les chances, les militants du parti ont d’ores et déjà lancé une offensive idéologique, qui cible, entre autres, les sphères académiques.

Interrogé par le magazine Der Spiegel, Hans-Thomas Tillschneider, chef du groupe parlementaire AfD au Parlement de Saxe-Anhalt, confiait sa volonté d’interdire aux enseignants “toute tentative de présenter une opinion politique ‘attrayante ou tendance’”. D’après lui, la “propagande omniprésente en faveur de la diversité” dans les programmes scolaires et le discours des enseignants “détruit la normalité hétérosexuelle”, qu’il considère comme “essentielle à la pérennité et à la prospérité de notre société”.

Réformer le fond et la forme

Tillschneider veut également s’attaquer au nom d’établissements scolaires porteurs de “tendances idéologiques”, signale Der Spiegel. Le député de l’AfD cite le “lycée ‘Quer-Bunt’ de Querfurt” et sa dénomination “totalement ratée” en raison, selon lui, qu’une sonorité rappelant le mot “queer”, aussi utilisé pour désigner les personnes LGBTQI.

Cette volonté affichée d’interférer dans le champ éducatif se heurte cependant aux principes de neutralité dans les établissements scolaires allemands. Car, comme le rappelle le quotidien conservateur Frankfurter Allgemeine Zeitung, en Allemagne, le consensus de Beutelsbach de 1976, qui définit les standards éducatifs, “contient déjà une exigence de modération”. “Il n’est pas permis de forcer un élève […] à faire siennes les opinions qu’on voudrait lui imposer et de l’empêcher de se faire son propre jugement.”

Des craintes justifiées

Du côté des universités, l’AfD préparerait des “listes de cursus et de chaires” qu’elle estime dérangeants, révèle la TAZ. En première ligne, les études sur le genre et postcoloniales. Un écho aux politiques éducatives américaine et hongroise, “régulièrement citées comme modèles par les responsables politiques de l’AfD”.

À l’heure actuelle, les ambitions du parti, minoritaire au Parlement régional, ont peu de chance d’aboutir. La proposition de Tillschneider d’“exiger une neutralité” à l’école, soumise aux parlementaires début octobre, a été unanimement rejetée, note le Mitteldeutscher Rundfunk (MDR). Pour autant, la prudence reste de mise. Consulté par le radiodiffuseur début septembre, le politologue Benjamin Höhne estime en effet qu’en cas de victoire aux élections de 2026 la perspective d’“un gouvernement majoritaire de l’AfD en Saxe-Anhalt n’est pas improbable”.