ALAIN JOCARD / AFP
Gabriel Attal et Gérald Darmanin, lors d’une session de question au gouvernement à l’Assemblée le 15 octobre 2024.
POLITIQUE – Ministre de la Justice du gouvernement Lecornu II, Gérald Darmanin y siège désormais sans affiliation politique. Le Garde des Sceaux qui a sauvé son poste ministériel a annoncé son « retrait définitif » du parti Renaissance. Et mis directement en cause son secrétaire général Gabriel Attal.
C’est dans une lettre adressée à l’ancien Premier ministre mardi 14 octobre que Gérald Darmanin a annoncé et justifié son départ en évoquant « deux vérités » qui font toutes les deux directement références à Gabriel Attal. « La première est que, quels que soient les désaccords d’appréciation avec le président de la République, ils ne peuvent être exprimés publiquement par le mouvement qu’il a lui-même fondé », écrit le ministre, dans une allusion nette au chef de parti qui a consommé son divorce avec le chef de l’État en déclarant « ne plus comprendre » ses décisions.
Une sortie qui a « choqué » Gérald Darmanin. « Je trouve que c’est une formule un peu difficile à entendre, sachant que Gabriel Attal a été nommé ministre, Premier ministre, il a été élu chef du parti du président de la République.. Je pense que ça ne grandit pas », a taclé le ministre invité de LCI dans la soirée.
Darmanin fustige les « aventures prématurées » pour 2027 (après avoir tenté de lancer la sienne)
Deuxième raison donnée pour justifier son départ : « les aventures individuelles et prématurées à l’élection présidentielle (qui) ne pourront mener qu’à l’élimination collective, dès le premier tour. » Cette fois, l’ancien Garde des Sceaux vise autant Edouard Philippe, candidat déclaré, que Gabriel Attal, non déclaré mais dont les échappées ne laissent pas de place au doute, y compris chez Renaissance.
S’il les fustige aujourd’hui, Gérald Darmanin faisait partie il n’y a pas si longtemps de ceux qui affichaient leurs ambitions élyséennes. Il y a tout d’abord eu la création en 2024 de son parti Populaire. Puis en avril 2025, il s’est publiquement épanché sur une éventuelle candidature. « Est-ce que j’en ai envie ? Oui. Est-ce que j’ai le projet ? J’y travaille », assumait-il. Une presque déclaration uniquement suspendue au tableau de départ : « Ma responsabilité, c’est de me dire “j’espère être ce candidat, mais s’il y a mieux placé que moi pour gouverner le pays, je le soutiendrai” ».
Six mois plus tard, la promesse a changé. Gérald Darmanin a dit « fermer la porte des activités partisanes pour me concentrer sur l’intérêt général » et a mis en sommeil son parti. « Je n’adhère plus aujourd’hui à un parti politique, parce que je crois qu’on a failli, et je prends ma part de responsabilité, à montrer qu’ils avaient comme conscience l’intérêt général et pas des petits intérêts partisans », explique-t-il. Une façon de prendre de la hauteur… pour mieux rebondir d’ici quelques mois ? En politique, il ne faut jamais dire jamais.