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Rédaction de Toulouse

Publié le

15 oct. 2025 à 18h32
; mis à jour le 15 oct. 2025 à 18h36

La fin du procès Jubillar, qui s’est ouvert le 22 septembre 2025 aux assises d’Albi (Tarn), est proche. Et dans son box, Cédric Jubillar, accusé du meurtre de sa femme Delphine dans la nuit du 15 au 16 décembre 2020, reste toujours impassible. « Absent de son procès », commentait même Me De Caunes, l’un des avocats des parties civiles, dont les plaidoiries se sont terminées ce mercredi 15 octobre 2025 matin.

Pourtant, ce mercredi après-midi, Cédric Jubillar doit affronter la peine qui lui est requise par les deux avocats généraux Pierre Aurignac et Nicolas Ruff, tous deux ayant appelé à sa condamnation.

30 ans de réclusion criminelle requis

Pour eux, la réclusion criminelle à perpétuité ne doit être réservée qu’à des récidivistes. L’accusé n’en est pas un. « C’est un enfant blessé, maltraité, un homme qui a maltraité son épouse, un homme qui a tué, qui s’en vante et insulte la mémoire de celle qu’il a supprimée. » Cédric Jubillar « ne rendra jamais Delphine », il a fait en sorte qu’elle « ne soit plus rien, ni vivante, ni morte ». Tout cela appelle « une réponse pénale extrêmement forte ». 

Les avocats généraux requièrent donc 30 ans de réclusion criminelle contre Cédric Jubillar, pour avoir tué sa femme et la mère de ses enfants. En complément, ils demandent le retrait de son autorité parentale lors de l’audience civile. 

C’est ce qui a été annoncé au terme d’un long réquisitoire, durant lequel les avocats n’ont pas mâché leurs mots sur la culpabilité de l’accusé

« Au bout du chemin, je n’ai aucun doute »

Pour comprendre ce qui motive ces réquisitions, il faut revenir sur les discours des deux avocats généraux. « La détention, je la connais », a d’abord avancé Nicolas Ruff, également vice-procureur de la République près la cour d’appel de Toulouse. « La détention, j’y vais le jour, j’y vais la nuit. Je déteste l’odeur de cet endroit. » Lui qui a choisi de plaider pendant deux heures « dans l’arène » – à hauteur des jurés, plutôt que sur le promontoire dédié au ministère public – sait le sort qu’il veut réserver à Cédric Jubillar. Mais il en est sûr, tout converge vers l’accusé.

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« L’absence de corps, on s’en servira pour créer le doute, soutient Nicolas Ruff. Mais est-ce qu’effacer un cadavre doit conduire à échapper à toute forme de responsabilité ? » Et puis pour lui, il y a bien eu une scène de crime : c’est la maison, c’est le jardin, c’est la voiture. Il égrène ensuite tous les indices qui forment le fameux faisceau. Avant de conclure.

« Moi au bout du chemin je n’ai aucun doute sur le fait que Delphine Aussaguel est morte ce soir-là, sur le fait que Cédric Jubillar a détruit les lunettes de Delphine Aussaguel ce soir-là. Je n’ai aucun doute sur le fait que c’est Cédric Jubillar qui l’a tuée parce que c’est lui qui a utilisé ce véhicule, lui qui a déverrouillé son téléphone. Il est coupable, j’assume les conséquences de ces mots qui accusent, en espérant vous convaincre de condamner Cédric Jubillar pour le meurtre de Delphine Aussaguel. »

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« Un homme seul contre tous »

Dans sa traditionnelle robe rouge, l’avocat général Pierre Aurignac a livré à son tour un discours qu’il a voulu tout aussi accablant. « Nous ne devons aucune pitié à l’accusé, aucune compassion aux victimes. Nous ne leur devons qu’une seule chose : justice. » Il a repris les conclusions de son confrère : Cédric Jubillar est coupable. Pour convaincre les jurés et prouver que les autres pistes sont des cul-de-sacs, il se lance ensuite dans une démonstration par l’absurde

S’il devait lui-même proposer un alibi le soir du meurtre, il n’en aurait aucun !, et puis, peut-être le corps de Delphine se trouve-t-il dans une maison voisine, qui n’aurait pas été fouillée ? L’exercice est risqué, provoque quelques incompréhensions dans la salle, mais les éléments du dossier qui pourraient prouver l’innocence de l’accusé finissent toujours par se transformer en indices à charge.

« Le crime parfait attendra », tonne l’avocat général en reprenant la phrase qu’aurait lâchée l’accusé à ses co-détenus. « Le crime parfait n’est pas celui dans lequel on ne retrouve pas la victime, c’est celui dans lequel l’accusé n’est pas condamné, et vous allez être condamné monsieur Jubillar. »

Verdict attendu vendredi

Sur la base de ce réquisitoire, les avocats de l’accusé, Mes Franck et Martin, devront alors adapter leurs plaidoiries. Elles démarreront dès demain, jeudi 16 octobre 2025. À la veille des derniers mots que pourra prononcer, s’il le souhaite, Cédric Jubillar face aux six jurés, la présidente du tribunal et les deux assesseurs. La Cour se retirera ensuite pour délibérer. Que décidera-t-elle ? Les jurés iront-ils dans le sens de l’accusation ou de la défense ?

L’attitude de Cédric Jubillar durant son procès lui fera-t-elle défaut ? Ses avocats réussiront-ils à les convaincre de son innocence, qu’il n’a eu de cesse de clamer ? Quelle sera l’issue de cette affaire sans corps, sans scène de crime et sans aveux ? Verdict attendu vendredi 17 octobre.

Maréva Laville et Anaëlle Montagne

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