Lauréate du concours &H Academy 2024 et coup de cœur du jury, Rose Valder signe avec Acharnel un premier roman audacieux : une romance dystopique futuriste dans laquelle les êtres humains sont classés en deux catégories distinctes — les charnels, capables de ressentir des émotions, et les acharnels, privés de toute forme de sentiment ou de ressentiment.

Lune Belfeuil est une brillante inventrice en robotique, héritière d’un couple de scientifiques visionnaires. À ses côtés, depuis plusieurs années, veille Zaïon : un acharnel. Dépourvu de colère, d’amour ou de peine, il est un garde du corps redoutablement efficace… mais aussi une source de frustration pour Lune, qui n’est pas insensible à son charme glacial. Tout bascule lorsqu’un accident provoque chez Zaïon une commotion cérébrale : peu à peu, il commence à ressentir des émotions. Et ces sensations nouvelles, troublantes, vont bientôt se tourner vers Lune — sa protégée — éveillant en lui un désir interdit.

Un monde où l’amour est une transgression

Rose Valder pose les bases d’un univers ambitieux, où l’union entre charnels et acharnels est strictement interdite. Les premiers souffrent d’aimer des êtres incapables de leur rendre leurs sentiments ; les seconds, confrontés à la joie qu’ils ne peuvent éprouver, sombrent souvent dans une forme de léthargie proche de la dépression clinique. Cette dichotomie émotionnelle donne au récit une tension constante, presque tragique.

L’univers visuel du roman n’est pas en reste : on sent un vrai travail sur l’esthétique, avec des influences qui évoquent parfois Le Cinquième Élément de Luc Besson. L’ensemble fonctionne très bien, et la dynamique “bodyguard / cliente” apporte ce petit frisson d’interdit qui rend les romances si addictives.

Un virage inattendu

Et puis, à mi-parcours… surprise. Une très bonne surprise. L’autrice nous réserve un plot twist inattendu, qui propulse le roman dans une dimension plus sombre, plus dramatique, flirtant avec la science-fiction pure. Sans rien dévoiler, disons simplement que l’intrigue prend un tournant audacieux, parfois violent — mais jamais gratuit. Chaque choc, chaque rupture sert le récit, le densifie, le fait vibrer autrement.

Ce basculement narratif donne à Acharnel une profondeur insoupçonnée. On termine le roman avec le cœur un peu serré, mais aussi avec le sentiment d’avoir lu quelque chose de fort, de singulier, de maîtrisé.

Ne vous laissez pas attendrir par la couverture féerique de l’ouvrage : Acharnel cache bien son jeu. Sous ses airs de romance futuriste se dissimule un récit poignant, intense, parfois brutal, souvent bouleversant. Un roman qui interroge le lien entre corps et émotions, entre désir et interdiction, entre humanité et absence d’elle.

Un must-have pour les amateurs de romances dystopiques qui aiment être surpris, bousculés, et emportés.