Repoussé 2024 en raison des inondations mais immédiatement reprogrammé le mois suivant, le Congrès des maires de la Loire revient en 2025 au CABL d’Andrézieux-Bouthéon. Avec la promesse d’une édition ce vendredi d’« ampleur » inédite. L’approche du renouvellement municipal et les questionnements allant avec expliquent probablement le record d’inscrits : 600, pour la majorité élus municipaux. Le congrès, c’est aussi un salon, à visée commerciale pour une partie de sa centaines exposants, vis-à-vis des services et produits qu’ils proposent.
Novembre 2024 : le 26e Congrès des maires de la Loire avait été marqué par les protestations symboliques face aux coupes budgétaires de l’Etat. Bis repetita en 2025 ? ©JT/ If Saint-Etienne
Exercices de ricochets. Les renoncements de l’Etat sont déjà et seront à nouveau ceux des Régions, des Départements, des intercommunalités et, en dernière couche du millefeuille, ceux des communes. Bout de chaîne oui mais malgré tout, maillon fin, collectivité toujours et encore du « quotidien » couvrant, via le financement des précédents cités – en plus de la fiscalité directe de ses administrés –, « tous les aspects de la vie, tous les sujets, 365 jours par an, clame Yves Nicolin, maire de Roanne et président de l’Association des maires de la Loire (AMF 42) depuis 2 ans. C’est le premier maillon de la République. Nous sommes ceux qui tiennent la Maison France. Tout passe par les communes ! » Et donc par l’argent dont elles disposent…
C’était dans toutes les têtes lors du Congrès 2024. Ce le sera probablement encore plus cette année, malgré une thématique d’actualité : la maîtrise de la « fin de mandat ; regard vers demain ». Dans toutes les têtes à force d’instabilité gouvernementale persistante articulée à la prise de conscience montante, débordante, du péril sur les finances publiques du pays, menaçant donc, aussi bien les rétributions sociales que la commande publique. Donc, derrière les finances privées des Français et de leurs entreprises, elles qui sont justement LA « source »… Ricochets encore. Lors de la présentation de cette édition à la presse mercredi, il s’agissait du sujet le plus étayé par Yves Nicolin. Mais aussi par Georges Ziegler, président d’un Département de la Loire, traditionnel financeur des projets communaux et à ce titre partenaire d’un congrès qui est aussi celui des présidents d’intercommunalité.
Le boomerang des finances revient
Un partenaire en première ligne des difficultés budgétaires publiques, comme vient de le démontrer – par électrochoc et en attendant l’aéroport de Bouthéon ? – sa décision historique de ne pas ouvrir cet hiver la station de Chalmazel. La Loire est dans les 20 Départements de France les plus touchés de France, précise Georges Ziegler, en étant passée en deux exercices budgétaires d’une situation nettement confortable à une épée de Damoclès au-dessus d’elle, celle d’une mise sous tutelle par l’Etat… Son aide directe aux projets des communes sur laquelle les mairies comptent tant a déjà été rognée l’an passé, tout comme ses propres investissements amputés au budget primitif 2025 de plus de 6 M€… Il y a pile un an, c’est contre un effort redouté de de 6,5 Md€ imputés aux collectivités que les maires de la Loire avaient levé les boucliers. L’estocade fut finalement moins perçante : 2,2 Md€ quand même.
Mais le boomerang est de retour, en deux fois plus fort, avec une loi de finances annoncée cette semaine par Sébastien Lecornu, si l’on prête vie à son gouvernement, imposant 4,7 Md€ en 2026. Toujours 600 M€ de moins que pressentis cet été sous Bayrou… Mais toujours très injuste selon l’idée que le moins rigoureux, de loin, du millefeuille administratif fait payer à ceux du dessous sa défaillance, estiment Georges Ziegler et Yves Nicolin. Ceux qui, contrairement à lui, sont soumis à la « règle d’or » (pas d’emprunt pour le fonctionnement). Le premier rappelle une fois de plus, l’étranglement du budget départemental par une partition sociale chaque année en hausse. Par exemple, ce RSA à désormais 120 M€ par an qu’il doit assumer toujours plus depuis sa décentralisation : à 60 % désormais (contre, en 2011, 31,5 % pour un total de 70 M€). Il y a enfin, ces décisions de revalorisation (allocations, points d’indices des fonctionnaires, cotisations retraites…) qu’il ne veut pas contester en soi mais payées par un autre que le décisionnaire…
Un record d’inscrits
C’est toutefois aussi le même qui, par ses dotations et subventions, permet en grande partie aux collectivités de disposer des budgets pour mener à bien les politiques publiques décentralisées. Mais l’équité cède à un cercle vicieux quand un Département plutôt pauvre comme la Loire doit faire face à plus de dépenses sociales montantes, réduisant ses marges de manœuvre, sans bénéficier de contreparties et privé de toute fiscalité dynamique. Et Georges Ziegler de suggérer l’application d’une logique de péréquation sur les DMTO, taxe à l’achat immobilier reversée en partie aux Départements qui avantage les déjà plus riches, ceux ou la pierre vaut tellement plus. Il faudra bien malgré tout en cette « fin de mandat », « regarder vers demain », les deux axes thématiques donc, de cette 27e édition à l’organisation confiée au duo Evenco et Agence Réciproque, comme depuis quelques années maintenant.
La commune d’Andrézieux-Bouthéon accueille l’événement au CABL pour la seconde fois consécutive. ©GoogleStreetView
Il aurait dû logiquement revenir au Nord du département de l’accueillir en 2025 mais c’est à nouveau le Complexe d’animation des Bords de Loire (CABL) qui en sera l’écrin : une petite fleur faite à Andrézieux-Bouthéon pour sa capacité à très vite reprogrammer, un mois plus tard, l’annulation de dernière minute due aux graves inondations du 17 octobre 2024. Pour ce qui est de 2025, jamais un congrès des maires de la Loire n’avait compté autant d’inscrits : environ 600 contre moins de 400 il y a 5 ans. Et les ateliers prévus ont fait le plein d’inscrits, indique Yves Nicolin : « Statut de l’élu – Fin de mandat (AMF et Fonpel) », « RésIALoire & Loire ConnecTID : des usages concrets pour les communes » ; « Installation des conseils municipaux (CDG42 & AMG33) » ; « Communication en période électorale et réforme des scrutins (Préfecture et AMF) ». 160 volontaires pour le premier, par exemple.
50 % des maires ne souhaitent pas repartir
A propos de fin de mandat, au printemps dernier, lors de son assemblée générale à l’Arena, l’AMF42 relevait environ 50 % de maires ligériens ne souhaitant pas repartir en mars 2026. Et en cet automne ? « Ça n’a pas bougé : on reste sur le même pourcentage que l’on ne pourra pas comparer au mandat précédent puisque nous ne suivions pas cela de manière aussi fine avant, répond Yves Nicolin. Nous relevons qu’un quart des sortants ne sont pas encore décidés à ce stade. » En attendant, sortants partants ou pas, ils pourront aussi sillonner vendredi au milieu des stands de la centaine d’exposants présents : « Services publics, entreprises, associations et acteurs du territoire seront présents pour proposer des solutions concrètes aux collectivités dans différents domaines. » A noter, enfin, que cette édition sera l’occasion de célébrer les 20 ans de l’Agence Locale de l’Énergie et du Climat de la Loire (Alec 42).
Emanation du Département et du Syndicat intercommunal d’énergies de la Loire (SIEL-TE) qui agit « pour la rénovation des logements privés, l’amélioration de la performance énergétique des entreprises et le développement de mobilités et transports durables ». A cette occasion, l’Alec va décerner pour la première fois ses « Trophées de la Transition Energétique » à des collectivités de la Loire (bailleurs sociaux compris), aux nominés par ses soins avant une invitation au vote des élus locaux. Quatre catégories : « Stratégie énergie Climat », « Rénovation énergétique de l’habitat », « Performance énergétique en entreprise », « Mobilité et aménagement durable ». Au regard du climat, un peu d’encouragements, ça ne coûte en effet pas plus cher…