Par

Amandine Vachez

Publié le

16 oct. 2025 à 16h08

« Chaque jeune mérite d’être accompagné », considère Olivier Baron, directeur général de l’Alefpa. L’Association laïque pour l’éducation, la formation, la prévention et l’autonomie, née en 1959 à Lille (Nord), a depuis sa création fait beaucoup de chemin. Plus de 60 ans plus tard, elle aide des MNA, mineurs non accompagnés, en situation de migration dans leur projet de vie, grâce à un dispositif inédit, mené de front avec d’autres associations.

Un dispositif pour les jeunes de 16 à 21 ans

Le soir du mercredi 8 octobre 2025, tout un petit monde était réuni dans les locaux du GME, Groupement momentané d’employeurs, à Lille. L’Alefpa a officiellement inauguré un site (des bureaux comptant une salle de classe notamment et divers espaces pour accueillir les jeunes). Un temps fort marquant les un an du dispositif Alpis, Accompagnement linguistique et parcours d’insertion pour les jeunes en situation de migration, en présence de jeunes accompagnés et des associations partenaires.

L’Alefpa, l’ASRL et Temps de vie ont ainsi mis en valeur leur action devant la presse. « Chaque année, 130 jeunes de 16 à 21 ans sont accompagnés dans leur apprentissage du français, leur orientation et leur insertion« , précise-t-on du côté de l’Alefpa. Des juristes, psychologues, éducateurs et professeurs œuvrent dans cet écosystème qui se déploie sur tout le territoire de la MEL, mais aussi Dunkerque, Cambrai, Maubeuge et Valenciennes. « C’est une approche inter-associative, avec une pédagogie adaptée et un fonctionnement hors-les-murs et par projet, favorisant l’ancrage dans le réel et l’autonomie », appuie Pierre Marc, directeur d’Alpis et coordinateur des dispositifs MNA du GME de Lille.

« C’est l’un des plus grands dispositifs de France« , souligne Olivier Baron, ravi de constater que, grâce à l’aide européenne (Fonds social européen) débloquée en octobre 2024, la dynamique inter-associative du GME  – née en 2018 – a pu être renforcée, en faveur des jeunes migrants. Trois professeurs et un chargé de mission sont venus renforcer les rangs de ce groupement. « C’est un moment concret, dans un projet dont l’objectif est de mettre les jeunes au centre du dispositif », poursuit le représentant de l’association. 

Les locaux du GME, situés boulevard Paul Painlevé à Lille (Nord) sont à la fois
Les locaux du GME, situés boulevard Paul Painlevé à Lille (Nord) sont à la fois « un tremplin, un refuge ou un atelier d’avenir », comme le dit le DG de l’Alefpa. ©Amandine VachezAccompagner avec « respect, attention et ambition »

L’Alefpa, qui œuvre partout en France (métropolitaine et dans les Dom-Tom) dans près de 250 centres et avec une équipe de plus de 4 200 collaborateurs, va ainsi encore plus loin dans sa mission, qui est « d’accompagner les personnes vulnérables dans leur projet de vie ». 

Olivier Baron a de l’expérience à l’Alefpa. En évoquant les missions de l’association, des souvenirs de parcours touchants lui reviennent. Il déclare, avec émotion : « Chaque jeune mérité d’être accompagné dans son projet de vie, avec respect, attention et ambition. Ces jeunes ne sont pas une charge, mais une opportunité pour la France. » 

Nous devons aider ces jeunes à devenir les auteurs et réalisateurs de leurs vies.

Olivier Baron, Directeur général de l’Alefpa.

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Vers une certification pour faciliter l’insertion vers l’emploi ou la formation

Depuis le lancement du projet Alpis, plusieurs jeunes étrangers ont appris à lire et à s’exprimer avec plus d’aisance, grâce à des cours de français et à des projets d’expression (création d’un journal, soirée de projection avec échange…). « Certains jeunes ayant atteint un niveau intermédiaire seront accompagnés vers une certification de leur niveau de français, afin de valoriser leurs acquis et de faciliter leur insertion vers la formation ou l’emploi« , projette Pierre Marc, du dispositif Alpis.

Un jeune de 16 ans, croisé le 8 octobre, évoque ses dernières semaines. Balloté de Paris à Roubaix, il est arrivé à Lille, où il est suivi par une éducatrice et une professeure de français. Il réussit avec des mots hésitants à partager sa reconnaissance envers l’association. Un autre jeune vient à l’école depuis un mois et demi. Mais l’apprentissage prend du temps. Il est en début d’accompagnement.

Un troisième, très à l’aise en français, met en exergue l’entraide qu’il a trouvée en France. Arrivé à Paris aussi, il a parlé avec d’autres personnes en migration, qui lui ont conseillé de se rapprocher de la police. « Ils m’ont dit qu’ils avaient les contacts, qu’ils pourraient aider. » Lui vit dans un foyer de la métropole lilloise. Il aimerait passer son brevet pour entrer au lycée, et peut-être faire carrière dans le commerce, domaine dans lequel il a déjà de l’expérience. Mais c’est encore flou, « et c’est normal », sourit une représentante de l’Alefpa, qui rappelle l’âge des jeunes, encore en pleine construction.

Dans le lieu ouvert aux jeunes à Lille, l’équipe a à cœur que les jeunes se sentent bien, en confiance, et épaulés. Un endroit qui, comme le dit bien Olivier Baron, « va parfois pouvoir être un tremplin, un refuge, ou un atelier d’avenir ». En tout cas, un lieu dans lequel vont se forger des destins.

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