Le film est né en Bretagne, de rencontres avec des gilets jaunes dont certains ont rencontré Virginie Efira pour l’aider à s’imprégner du mouvement avant le tournage. Il était important de parler de cet engagement avec ceux qui l’ont vécu ?

Thomas Kruithof : « C’est grâce à une amie que nous avons, au départ, rencontré une première personne à Lamballe (22), puis cela a découlé sur des entretiens. On s’est rendu compte que ces anciens gilets jaunes avaient des parcours très différents, certains n’avaient jamais été engagés politiquement auparavant. Ce mouvement a initié beaucoup de gens à la contestation et cela cadrait avec l’idée du personnage de Virginie (Elfira) : comment la découverte du collectif te remplit d’énergie, d’espoir, etc. On voulait incarner ce mouvement à travers l’engagement et l’engagement dans un couple. »

On voulait entremêler le couple et la politique, car le couple est aussi politique : c’est la construction d’un avenir commun.

Justement, pourquoi ce choix ?

Thomas Kruithof : « Ce couple-là avait une force romanesque et romantique. Le projet, c’était d’être prêt de l’intimité d’un couple et de la grandeur du mouvement. On a cette cuisine, la leur, et la foule, immense, des manifestations : ce sont les deux principaux décors du film. Ensuite, on voulait entremêler le couple et la politique, car le couple est aussi politique : c’est la construction d’un avenir commun, notamment à travers les enfants. C’est un couple qui s’aime, qui a une haute idée de son amour et s’efforce de maintenir ce qui peut l’être à mesure que son engagement à elle grandit.

Jean-Baptiste Delafon : À travers le couple, qui est une matière vivante, on pouvait parler de comment construire l’avenir lorsqu’on n’arrive plus à se comprendre.

Thomas Kruithof, 49 ans, est le réalisateur du film « Les Braises », qui revient sur le mouvement des Gilets Jaunes à travers l’histoire d’amour de Karine et Jimmy, joués par Virginie Efira, Arieh Worthalter.Thomas Kruithof, 49 ans, est le réalisateur du film « Les Braises », qui revient sur le mouvement des Gilets Jaunes à travers l’histoire d’amour de Karine et Jimmy, joués par Virginie Efira, Arieh Worthalter. (Le Télégramme/Camille André)Le mouvement, et on le perçoit dans le film, a pu générer, du fait de sa longueur et parfois de sa violence, un ras-le-bol chez une partie de la population. Sept ans après, était-ce le bon moment pour y revenir à travers un film ?

Jean-Baptiste Delafon : On ne le sait pas ! En revanche, on sait que plus le système de gouvernement actuel persévère, plus le ras-le-bol est général. Pas mal de gens à l’époque heurtés par les débordements du mouvement des gilets jaunes sont peut-être prêts à plus d’empathie aujourd’hui…

Thomas Kruithof : C’est vrai, depuis, il y a eu les 49.3, le mouvement contre la réforme des retraites… Jusqu’à présent, peu de fictions ont été réalisées sur les gilets jaunes. On y voyait cinématographiquement plein de choses intéressantes à travailler. Et, pour le moment, les avant-premières donnent lieu à des débats passionnants, cela montre que les spectateurs font le voyage du film.

Les braises sont un entre-deux, quelque chose qui pourrait s’éteindre ou bien brûler plus fort.

Y avait-il une vocation documentaire à ce travail ?

Jean-Baptiste Delafon : Non, c’est plutôt un vecteur de communication. Une expérience de cinéma par les personnages et leur histoire qui permet de sortir un peu ce que l’on a vu du mouvement à l’époque, notamment dans certains médias et qui se résumait aux débordements et aux manifs du samedi. Ici, on raconte ce mouvement de l’intérieur, à l’horizon d’un couple.

L’équipe du film « Les Braises » est en tournée en Bretagne avant la sortie officielle prévue le 5 novembre 2025. Jean-Baptiste Delafon, scénariste, a notamment travaillé sur les documentaires « Une amie dévouée » (HBO Max) et « Tapie » (Netflix).L’équipe du film « Les Braises » est en tournée en Bretagne avant la sortie officielle prévue le 5 novembre 2025. Jean-Baptiste Delafon, scénariste, a notamment travaillé sur les documentaires « Une amie dévouée » (HBO Max) et « Tapie » (Netflix). (Le Télégramme/Camille André)Comment avez-vous vécu, à titre personnel, ce mouvement des gilets jaunes, en 2018 ?

Thomas Kruithof : Il y avait quelque chose d’impressionnant et de questionnant. J’étais fasciné par cette activité des ronds-points, par ces lieux de bric et de broc où vivait nuit et jour la discussion.

Jean-Baptiste Delafon : Pour moi aussi, il y avait cette fascination, car on a eu le sentiment que la République tremblait, et aussi de l’empathie.

Le titre, « Les Braises », résonne à la fois pour la passion amoureuse du couple et pour les militants ?

Oui, c’est un titre que l’on a trouvé tôt et qui nous a inspirés. Les braises sont un entre-deux, quelque chose qui pourrait s’éteindre ou bien brûler plus fort. Dans le film, on est constamment dans cet entre-deux, autant concernant le mouvement que l’histoire d’amour de Karine et Jimmy.

Pratique

« Les Braises », en salle mercredi 5 novembre 2025. Durée : 1 h 42. En avant-première, ce vendredi 17 octobre 2025, au Rex de Pontivy (56), à 20 h 30 ; samedi au Katorza de Quimper à 18 h 30, puis au Cinéville de Lorient à 20 h 45. Dimanche, au Cinéville de Saint-Nazaire, à 16 h.