En Ile-de-France, région la plus peuplée du pays avec 12,3 millions d’habitants (19 % de la population nationale), la crise du logement reste profondément ancrée. La région a beau être la plus riche de France, 1,3 million de personnes y seraient victimes du mal-logement et près de 3 millions « en grande fragilité » vis-à-vis du logement, selon la Fondation pour le logement des défavorisés (ex-Fondation Abbé Pierre) qui a dévoilé, lundi, des chiffres « plus qu’alarmants » sur ce phénomène.

L’Ile-de-France compterait ainsi 125 600 personnes sans domicile personnel (au sens de l’Insee), parmi lesquelles plus de 4 000 sans-abri à Paris et en proche couronne, selon le recensement (non-exhaustif) des Nuits de la solidarité. Il faut dire que dans le parc privé, les loyers ont augmenté deux fois plus vite que les revenus médians. « La part du loyer atteint près de 35% des ressources des ménages les plus modestes », indique la Fondation pour le logement des défavorisés.

Et dans le parc social, l’offre de logements est toujours loin de répondre à la demande comme en témoignent les longues listes d’attente. Plus de 888 000 ménages y seraient inscrits (un tiers de la demande nationale). Et ces listes ne sont pas près de se raccourcir au regard du fossé qui sépare le nombre de demandes et le nombre d’attributions. L’an passé, 65 000 logements sociaux ont été attribués laissant 93 % des demandeurs sans réponse. Parmi eux, 41 079 ménages sans abri ou vivant dans des conditions très précaires (squats, caravanes…), soit 47 % de plus qu’en 2019 ; et 207 392 ménages hébergés par des tiers, un nombre là aussi en hausse de 30 % depuis 2019.

Autre donnée révélatrice : dans le parc de logements privé et social, 30% des locataires y seraient en suroccupation, « phénomène 2,2 fois supérieur à la moyenne nationale », compare la fondation. Dans le même temps, le nombre de places d’hébergement pour les personnes sans domicile a beau avoir triplé depuis 2012 (116 261 places fin 2024), le dispositif est saturé.

« Malgré les efforts en matière de construction de logements sociaux, de lutte contre l’habitat indigne et d’augmentation des places d’hébergement, la région reste marquée par un système encore trop fragmenté, sélectif et inégalitaire, estime Éric Constantin, le directeur régional de l’agence Ile-de-France de la fondation. L’accès à un habitat décent et les parcours résidentiels demeurent entravés, notamment pour les publics les plus vulnérables. Une situation aggravée par des dispositifs d’hébergement saturés, un parc social à bas coût qui diminue et un parc locatif privé de plus en plus cher et très énergivore » quand il n’est pas insalubre certains marchands de sommeil profitant de la tension sur le marché, en dépit de la mise en place ou de l’expérimentation de dispositifs comme le permis de louer ou l’encadrement des loyers.

La Fondation pour le Logement des défavorisés appelle ainsi les pouvoirs publics à mener « une politique régionale de l’habitat plus ambitieuse, respectueuse des droits fondamentaux, et fondée sur la solidarité et l’inclusion ».