AA / Londres / Aysu Bicer
Le chef des services frontaliers britanniques, Martin Hewitt, a exprimé jeudi sa frustration face à l’incapacité des autorités françaises à mettre en place des mesures pour intercepter et immobiliser les bateaux transportant des demandeurs d’asile dans les eaux peu profondes.
Devant la commission des affaires intérieures de la Chambre des communes, Hewitt a indiqué que les changements fréquents au sein du gouvernement français ont créé un « contexte politique » ralentissant l’introduction d’une mesure jugée cruciale pour lutter contre les « bateaux-taxis » utilisés pour faire passer clandestinement des personnes vers le Royaume-Uni.
Il faisait référence aux chutes répétées du gouvernement, aux impasses budgétaires et aux changements de Premier ministre en France.
En juin, Paris s’était engagé à modifier l’interprétation du droit maritime pour permettre à la police d’intercepter pour la première fois les bateaux de migrants à moins de 300 mètres de la côte. Cette mesure avait été qualifiée de « tournant décisif » par les responsables français, alors que plus de 32 000 traversées ont été enregistrées en 2025.
Cependant, la police française a précisé qu’elle n’agirait pas sans garanties de protection, de formation et d’équipement adéquates.
Hewitt a déclaré qu’il travaille en étroite collaboration avec le secrétaire général français à la mer, mais qu’il continue de trouver le processus « frustrant ». « Je suis allé le rencontrer à Paris il y a trois semaines pour lui faire comprendre l’importance de cette tactique maritime pour nous, compte tenu des bateaux-taxis », a-t-il expliqué.
Il a ajouté : « Le président Macron en a parlé lors du sommet de juillet avec le Premier ministre britannique. Il est donc frustrant que cela ait pris autant de temps. Votre remarque sur l’instabilité politique est pertinente, elle a clairement joué un rôle. »
Le responsable britannique a également évoqué le bilan humain dans la Manche, qualifié « d’effrayant » l’hiver dernier, alors que des personnes désespérées tentaient de rejoindre le Royaume-Uni à bord de petits bateaux.
Hewitt a souligné que la lutte contre les passeurs « allait forcément prendre du temps », soulignant que cette criminalité organisée se développe depuis environ six ans et devient de plus en plus sophistiquée.
La Manche reste un point chaud de l’immigration clandestine, avec des milliers de personnes tentant chaque année la traversée depuis la France.
*Traduit de l’anglais par Wafae El Baghouani