Remise en cause des accords d’entreprise, turnover « anormalement élevé », conditions de travail dégradées, pression généralisée… Que se passe-t-il dans le plus grand hypermarché de Bretagne ? Depuis la mise en location-gérance du Carrefour Alma, au bénéfice du groupe finistérien Pont de Bois qui détient, entre autres, deux hypermarchés à Plouzané et Saint-Renan, les plus de 200 salariés rennais ont vécu un bouleversement dans leurs conditions de travail et droits sociaux.
« On avait des accords d’entreprise qui étaient liés à une multinationale donc plutôt avantageux, retrace Benjamin Gouezigoux, délégué syndical CGT et représentant du personnel. Mais les accords sont tombés et on a dû renégocier un accord de substitution avec la société Pont de Bois. » Ça, c’était en 2022, mais dernièrement la direction « a retiré sa signature des accords » pour notamment faire « supprimer un samedi de repos toutes les cinq semaines. » Ce qui a mis le feu aux poudres et entraîné une grève des salariés le samedi 4 octobre 2025.
« Une perte de 2 000 euros par an, par salarié »
Une décision qui s’ajoute « à la perte de la sixième semaine de congés payés, plus de participation et d’intéressement à cause de la situation économique du magasin, deux journées enfant malade au lieu de six auparavant, une mutuelle a un prix moins avantageux », énumère Benjamin Gouezigoux. Au total, le syndicat chiffre « une perte de 2 000 euros par an, par salarié. »
Plusieurs salariés se seraient également plaints de la présence d’un « consultant extérieur à l’entreprise » dont la présence a été perçue comme très intrusive. « C’était de la surveillance masquée », poursuit le syndicaliste. « On a envoyé un courrier à l’inspection du travail, qui a écrit à l’entreprise pour leur dire de cesser immédiatement et rappeler les droits des salariés. » Contactée, la nouvelle direction n’a pas répondu à nos sollicitations.
Licenciements et démissions à la chaîne
Dans un contexte social tendu, les licenciements et démissions s’enchaînent. « On est passé de 230 salariés en début d’année à 215, décompte le délégué syndical CGT. Le turnover dans le magasin est énorme au point qu’une expertise sur la situation sociale et financière a été réalisée en début d’année par Secafi ».
Conclusion de ce rapport : « Un turnover anormalement élevé par rapport à la moyenne du secteur de la grande distribution ». En 2024, une employée du secteur culture a été licenciée à un an de la retraite et après 41 ans d’ancienneté. Dernièrement, ce sont « les deux RH qui ont démissionné à quelques jours d’intervalle ».
Face à cette situation qui s’enlise, le groupe Carrefour peut-il jouer un rôle d’apaisement ? Contacté, il n’a pas souhaité répondre à nos questions.