Par
Antoine Blanchet
Publié le
17 oct. 2025 à 6h46
C’est le visage d’une petite fille. Apparu d’abord sur un compte Facebook un après-midi d’octobre 2022 aux côtés du mot « disparition ». Quelques heures plus tard, le visage poupin se propageait dans tous les médias. « Corps » et « meurtre » accompagnaient désormais l’image. Puis le visage s’est démultiplié sur des t-shirts, des banderoles. Le terme « francocide » était alors brandi par l’extrême droite française. Trois ans ont désormais passé, mais ce vendredi 17 octobre 2025, le visage revient dans tous les esprits. L’affaire du meurtre de Lola Daviet, violée et torturée par Dahbia Benkired va être jugée par la cour d’assises de Paris. L’accusée, âgée de 27 ans, encourt la perpétuité.
Le corps retrouvé dans une malle
C’est en fin d’après-midi que l’inquiétude commence à germer au sein de la famille Daviet, dont les parents sont gardiens d’immeuble au sein d’une résidence située rue Manin dans le 19e arrondissement. La petite dernière, Lola, n’est pas rentrée du collège. L’alerte est donnée. Les images de vidéosurveillance de l’immeuble sont consultées. La jeune fille est vue à 15h15 en train de monter l’ascenseur en compagnie d’une mystérieuse femme affublée d’un chignon.
Les heures passent et l’angoisse grimpe. Peu après 23 heures, un SDF erre du côté de l’immeuble de la famille Daviet. Il aperçoit une malle en plastique. Il décide de jeter un œil à l’intérieur et découvre l’indicible : le corps de l’adolescente. Le sans-abri alerte les passants et la police est prévenue.
Une scène d’horreur
La brigade criminelle est chargée de l’enquête. Cette unité de la police judiciaire parisienne traite les affaires les plus macabres. Le lendemain du meurtre, la mystérieuse femme au chignon est interpellée par la brigade anticriminalité. Elle se nomme Dahbia Benkired. Âgée de 24 ans, elle est hébergée par sa sœur dans l’immeuble de la rue Manin.
Longuement interrogée par les enquêteurs, la jeune femme va peu à peu livrer un récit insoutenable. L’après-midi du 14 octobre, elle a croisé Lola en bas de la résidence. Elle l’a alors contrainte à se rendre chez sa sœur. Elle aurait imposé un viol à l’adolescente avant de lui porter des coups de ciseaux et de cutter. Elle aurait ensuite enroulé la victime avec du rouleau adhésif puis l’aurait laissé étouffer, rapportent nos confrères du Parisien.
Après le crime, Dahbia Benkired s’est livrée à un parcours sordide. Tout d’abord, après avoir mis le corps de la victime dans une valise, elle a tenté de la « vendre » à un homme dans un bar non loin de la rue Manin. La jeune femme s’est ensuite rendue chez un ami à Asnières-sur-Seine, sans que celui-ci soit mis au courant de son crime. Revenue quelques heures après en VTC dans le 19ᵉ arrondissement, c’est là qu’elle a déposé la valise.
Une vaste récupération politique
L’affaire a suscité un vif émoi en France. De nombreux hommages ont été rendus à la fillette. Une marche blanche avait été organisée quelques semaines après son décès. Cependant, l’affaire a très vite été récupérée par l’extrême-droite. La raison : l’accusée qui était arrivée en France légalement en 2016, faisait l’objet d’une obligation de quitter le territoire français (OQTF) depuis deux mois. Une manifestation avait été organisée place Denfert-Rochereau. La famille de l’adolescente avait finalement appelé à la cessation de toute « récupération politique ».
Le mobile et la folie : enjeux du procès ?
Au cours de l’instruction, la question a été étudiée par plusieurs psychiatres : Dahbia Benkired est-elle atteinte de folie ? Placée en détention provisoire, la jeune femme a fait plusieurs séjours à l’Unité pour malades difficiles dans le Val-de-Marne. Les expertises réalisées durant l’enquête ne sont pas allées dans ce sens. Selon les professionnels, aucun trouble psychique ou neuropsychique n’a aboli le discernement de l’accusée au moment des faits. Une conclusion qui a permis de renvoyer la jeune femme devant les assises.
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Malgré ces expertises, les interrogations demeurent à l’orée du procès. « On ressort frustrés des interrogatoires. On veut comprendre ce qu’il s’est passé dans son esprit. La question de sa lucidité au moment des faits. On aimerait savoir comment on en est arrivé là », déclare Me Mathias Wargon, qui représente l’association Innocence en Danger, partie civile au procès. Le mobile du crime reste en effet assez flou. Aux enquêteurs, l’accusée avait évoqué une rancœur contre la mère de Lola, qui ne lui avait pas fourni un pass pour accéder à l’immeuble.
Le verdict de l’audience est prévu pour le 24 octobre 2025.
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