Le deuxième ligne du Stade français Pierre-Henri Azagoh, deux sélections avec le XV de France, n’a été pour l’instant titularisé qu’une seule fois en six journées. Pour autant, il savoure le bon début de saison de son équipe marqué par une domination de son paquet d’avant mais aussi par un jeu plus ambitieux que lors des saisons précédentes.

Quatre victoires en six matchs, trois points de bonus, le Stade français est-il sur un nuage ?
Ne nous enflammons pas. Comparé à la saison dernière, on a bien mieux démarré. On a réussi un coup à l’extérieur, à Perpignan. En plus, on n’a pas autant de blessés que l’an dernier à la même époque. Tous les voyants sont donc au vert malgré la défaite à Pau. Ça, c’est le point un peu négatif. Là-bas, il y a eu un petit retard à l’allumage, on n’a rien fait en première mi-temps. On a eu peur que les démons de la saison dernière ne soient réapparus. Mais cette défaite nous a servis pour la suite, ça nous a permis de remettre un peu la pression.

Qu’est-ce qui fait la différence selon vous par rapport à l’an passé ?
L’an passé, nous avons perdu trois piliers lors de la première journée, et pas des moindres (Giorgi Melikidze, Paul Alo-Emile et Sergo Abramishvili). Ces trois blessures, ajoutées à celle de Mathieu Hirigoyen, nous ont fait mal. On a parfois été obligé de faire du bricolage. La différence entre la saison dernière et cette année, c’est donc qu’on ne démarre pas sans quatre joueurs importants (Sergo Abramishvili est, lui, toujours blessé). On a notre effectif quasiment au complet et surtout à des postes clés.

Le management de Paul Gustard ressemble aussi beaucoup à ce qui se faisait lors de la saison 2023-2024. En quoi est-il précieux en ce début de saison ?
Paul a de l’expérience. Il se sert un peu de ce qui a fonctionné sur l’année où on a fait la demi-finale. Je pense qu’il a fait le même constat que tout le monde : nous n’avons pas une grande profondeur d’effectif. On doit jouer avec nos armes et ceux qui vont être alignés ce week-end, par exemple, vont devoir montrer qu’ils sont présents. Ça permet aussi à tout le monde d’avoir du temps de jeu et d’être concerné. On n’a pas le choix, on a besoin de tout le monde, les saisons sont tellement longues.

Surtout que l’effectif du Stade français n’est pas celui de certains cadors du Top 14…
Non, c’est sûr qu’on n’a pas une grosse profondeur d’effectif. Mais ce match à Castres, c’est encore une bonne opportunité pour ceux qui n’ont pas eu de temps de jeu jusqu’à présent de pouvoir montrer qu’ils sont là et que le club va pouvoir compter sur eux durant toute la saison.

Par-delà la domination de votre paquet d’avants, le jeu du Stade français semble tendre vers plus d’alternance. Vrai ou faux ?
Oui, offensivement, j’ai le sentiment que nous sommes plus dangereux que les années précédentes. On ne va pas se mentir, il y a quelque temps, c’était juste un ruck, du jeu au pied et des chasses. Ceci dit, ça fonctionnait plutôt pas mal l’année de notre dernière demi-finale. Mais on est obligé aussi d’évoluer et de changer un peu de stratégie. Surtout, c’est beaucoup plus plaisant à jouer. On touche un peu plus de ballons et il y a un peu plus de variété. On ne passe plus notre temps à taper dans des murs pendant 80 minutes. On voit que l’on est capable de marquer des essais en première main, ce qui n’est pas arrivé souvent par le passé. Il y a donc un changement de philosophie. Et ça se ressent sur le terrain, à l’entraînement comme en match.

C’est-à-dire ?
On prend plus de plaisir à l’entraînement. C’est un peu plus carré. On ose tenter des choses, on n’a pas peur de jouer les coups. Les résultats positifs nous aident aussi en ce sens. Il y a plus de confiance. Ça favorise la prise de risque plutôt que de rester prisonnier d’un jeu très stéréotypé. Et, bizarrement, le groupe vit mieux. On partage plus de bons moments tous ensemble. On se voit plus souvent autour d’un déjeuner ou d’un dîner d’équipe. Mais il ne faut pas s’enflammer, la saison est encore longue.

Quel sera l’objectif sur cette rencontre face à Castres samedi, avec une équipe largement différente de celle qui a battu La Rochelle le week-end dernier ?
On va passer un vrai test de caractère à Castres. Devant, ils sont très costauds et on sait que ce n’est jamais simple de les affronter sur leur terrain. Le climat sera hostile. On va être bien accueillis par le public. Tout ça, on le sait. On va devoir trouver des ressources pour faire un bon match, pour éviter de perdre et de vivre une grosse désillusion.

À titre personnel, vous n’avez été titularisé qu’à une seule reprise depuis le début de saison alors que vous êtes parfois proche du groupe du XV de France. Comment le vivez-vous ?
Pour penser à l’équipe de France et pour être très transparent, c’est à moi de faire de meilleurs matchs. C’est donc prématuré d’évoquer ce sujet. À Paris, la concurrence est rude. En deuxième ligne, Baptiste (Pesenti) fait un gros début de saison. Il est partout, il déménage les mecs. De le voir à ce niveau-là, ça fait plaisir parce que je n’oublie pas que la saison dernière, on a été tous les deux un peu critiqués pour notre indiscipline. Il répond de la meilleure des manières.

Mais, à titre personnel, vous sentez-vous plus à l’aise à gauche ou à droite de la deuxième ligne ?
Je me sens à l’aise des deux côtés. Je n’ai pas les qualités d’un Skelton, d’un Meafou ou d’un Van der Mescht. Mais pour la mêlée, j’ai de bonnes statistiques au niveau des squats (rires). C’est aussi pour ça que je pousse aussi bien à droite qu’à gauche. De toute façon, le plus important, c’est que l’équipe soit performante. Et pour moi, c’est de jouer et d’enchaîner les matchs. C’est mon objectif.