L’année 2025 est bien remplie pour OM System. Au Salon de la Photo, la marque présente ses trois nouveaux produits : l’OM-3, l’OM-5 Mark II, ainsi que le télézoom M.Zuiko ED 50-200 mm f/2,8 IS PRO. Nous avons pu échanger avec Thierry Bourque, spécialiste produits et responsable des formations chez OM Digital Solutions. Il revient avec nous sur les dernières nouveautés et sur la stratégie de la marque.

Place à l’interview.

Dans quel état d’esprit la marque OM System aborde-t-elle cette édition 2025 du Salon de la Photo ?

Cette année est marquée par trois nouveautés majeures : l’OM-3, l’OM-5 Mark II, et le M.Zuiko ED 50-200 mm f/2,8 IS PRO. C’est une année riche, avec une orientation qui ouvre des thématiques variées, au-delà du traditionnel nature et animalier.

L’OM-3 permet d’explorer la photo urbaine, tandis que le 50-200 mm ouvre la porte au sport, à l’animalier et à la macro, attirant de nombreux photographes. Donc en résumé, en 2025, OM System mise sur la créativité, sur la photo de rue grâce à l’OM-3 et le sport avec le 50-200 mm.

Quelle est la santé financière d’OM Digital Solutions ?

OM Digital Solutions est toujours dans les clous et en adéquation avec les perspectives d’évolution. Il faut remonter très loin dans le temps pour trouver trois sorties dans la même année. À la fin de l’ère Olympus, il y avait peu de nouveaux produits en raison d’un manque de recherche et développement (R&D) en photo. Suite au rachat par JIP, il y a plus d’argent frais pour la R&D, tout en conservant l’héritage et le savoir-faire d’Olympus.

Aujourd’hui, quatre à cinq ans après ce changement de nom, de vraies nouveautés voient le jour. Le M.Zuiko ED 50-200 mm f/2,8 IS PRO, par exemple, est 100 % conçu par OM Digital Solutions. Il y a un gros intérêt dans cette évolution, notamment avec le traitement ZERO version 2, qui est 100 % OM System.

Quel est l’impact du contexte économique sur les chiffres de vente ?

OM System a connu un très bon début d’année. Le marché fonctionne beaucoup grâce aux nouveautés et au renouvellement de gamme. L’OM-3 est une nouveauté, tout comme le M.Zuiko ED 50-200 mm f/2,8 IS PRO, tandis que l’OM-5 Mark II est une évolution de l’OM-5.

La curiosité des photographes et des utilisateurs est au rendez-vous. Nous sommes satisfaits de cette année, avec un vrai regain d’intérêt pour l’OM-1 Mark II, notamment grâce aux offres commerciales.

Le fait de voir des photographes utiliser les produits montre aux clients que ces boîtiers sont pertinents. Les utilisateurs ont besoin d’être rassurés. Plus ils le sont, plus ils ont envie d’acheter. Voir des images réalisées par d’autres photographes rassure sur les qualités du Micro 4/3.

Nous sommes encore dans une culture du « plus c’est grand, c’est mieux, plus c’est défini, c’est mieux ». Mais dans l’usage, ce n’est pas forcément ce dont les gens ont besoin. Aujourd’hui, acheter un appareil sur une fiche technique, c’est oublier l’usage pour lequel on en a besoin.

Si le poids, l’encombrement et la qualité d’image sont au rendez-vous, cela séduit. Pour l’instant, il n’y a pas d’impact du contexte d’incertitude économique ou politique.

Constatez-vous une différence entre le marché japonais et le marché européen, notamment en termes de gamme de produit ou de perception de la marque OM System ?

Le marché japonais a parfaitement assimilé la transition entre Olympus et OM System, et cette dynamique se confirme d’année en année. Au Japon, la préférence pour les appareils photo compacts est très marquée : la gamme PEN, par exemple, y a toujours connu un franc succès. À l’inverse, le marché européen reste davantage tourné vers des boîtiers plus ergonomiques et imposants.

Autre différence notable : les Japonais n’ont jamais été gênés par l’absence de viseur sur certains modèles, alors que cela pose problème en Europe. De plus, le format Micro 4/3 continue de séduire massivement au Japon, contrairement aux autres marchés.

L’Olympus Pen E-P7, un petit boîtier au look télémétrique hélas méconnu.

Les attentes des consommateurs évoluent : aujourd’hui, la légèreté et la compacité sont devenues des critères essentiels, tous les revendeurs s’accordent sur ce point. Les photographes, notamment les jeunes générations, ne veulent plus s’encombrer de matériel lourd. Ils recherchent des solutions pratiques, faciles à transporter, sans sacrifier la qualité. La photo doit s’adapter à cette nouvelle réalité, et c’est ce que nous tentons de faire.

Le succès des modèles comme l’OM-5, l’OM-5 II ou l’E-M10 Mark IV s’explique par cette approche. L’idée est de proposer un système cohérent : un boîtier associé à des optiques ultra-compactes et légères. C’est cette combinaison qui séduit les utilisateurs, en répondant à leurs besoins de mobilité et de simplicité.

Quelles gammes marchent le mieux ? Quelle part de marché pour OM System sur le marché des hybrides/objectifs + reflex ? Évolution année après année ?

Les chiffres restent compliqués car la cible est une niche. Quand on se spécialise, on se concentre d’abord sur cette cible. Le Micro 4/3 représente moins de 10 % du marché.

Quel a été votre plus gros succès de ces 12 derniers mois ?

Le M.Zuiko Digital ED 90 mm f/3,5 Macro IS PRO a vraiment bien marché et a été un vrai succès. L’OM-5 Mark II était très attendu. Mais le plus gros succès au lancement est le M.Zuiko ED 50-200 mm f/2,8 IS PRO. C’est un produit phare, très clairement. Je suis persuadé qu’il restera une optique de référence dans 10 ans et marquera l’histoire de la marque. Si on ne devait garder qu’un produit de cette année, ce serait lui.

À propos du M.Zuiko ED 50-200 mm, justement : ne s’éloigne-t-on pas trop de la philosophie « compacte et abordable » qui avait fait le succès du Micro 4/3 ?

L’accueil du 50-200 mm est excellent, et il n’y a aucune critique sur son prix. Les gens comprennent pourquoi il est à ce tarif, qui est cohérent avec la valeur offerte par sa plage focale, son ouverture et la stabilisation. Tout le monde ne pourra pas se l’offrir, comme tout ce qui est d’exception.

Le téléobjectif OM System M.Zuiko ED 50-200 mm f/2,8 IS PRO, lancé par la marque en septembre 2025

Les retours sur le stand sont hyper positifs. Le M.Zuiko Digital ED 150-400 mm f/4,5 TC 1,25x IS PRO était le premier à être aussi cher, à 7 500 €, mais il s’était très bien vendu malgré tout, avec même des ruptures de stock à un moment donné.

L’autre grosse nouveauté de 2025, c’est l’OM-3. Pouvez-vous revenir sur sa philosophie ? A-t-il réussi à trouver son public ?

L’OM-3 est orienté street-photo et repart de zéro dans ce domaine. Car, malheureusement, la gamme PEN remonte à longtemps. Il est nécessaire de prouver à nouveau qu’OM est bien placé sur le segment de la photo de rue.

Il faut que le produit prenne ses marques. Le PEN F, aujourd’hui, est le plus recherché d’Olympus et se vend en occasion au prix du neuf ! L’OM-3 doit donc s’installer et trouver sa clientèle. Il faut le présenter différemment. Il y a beaucoup de fonctions créatives qui doivent être démontrées. Quand on le présente en termes d’usage, il se vend. En termes de spécifications brutes, il y a moins d’attrait car le public ne connaît pas la partie créative.

Il faut que le marché comprenne l’intérêt du produit et de ses fonctions créatives [comme les profils colorimétriques intégrés, NDLR]. C’est un boîtier qui rassemble un ensemble de fonctions créatives, ainsi que des fonctions liées à la photographie computationnelle.

Il faut évangéliser les gens sur ce genre de fonctions et les bénéfices qu’elles apportent. Si l’on peut intégrer sa signature [photographique, NDLR] à la prise de vue, c’est très intéressant. L’OM-3 permet cela.

L’OM-3 et l’OM-5 Mark II ne sont pas du tout dans le même monde d’un point de vue technologique. L’OM-3 est très proche d’un OM-1 Mark II en termes de puissance de calcul et de photographie computationnelle. Ils ne sont pas comparables. L’OM-1 Mark II, avec son buffer très capacitaire, est davantage pensé pour le sport ou l’animalier.

Le design de l’OM-3 ne permet pas de l’envisager avec une longue focale pour l’animalier. Dans l’usage, il est fait pour un boîtier avec une petite focale fixe ou un 12-45 mm pour être le plus compact et léger possible.

La design de l’OM-3 rappelle l’héritage d’Olympus, notamment l’OM-1 des années 70. Cela permet de montrer qu’OM System est vraiment l’héritier de la marque. OM System existe depuis seulement quatre ans. La gamme PEN est souvent évoquée, et peut-être qu’un jour la marque proposera un successeur. Aujourd’hui, on ne le sait pas. L’évolution dépend de ce que nous sommes capables de créer et de proposer. Nous restons à l’écoute du marché et des besoins des photographes.

Olympus OM-1

OM System OM-3

Nous sommes persuadés que, dans la philosophie de l’OM-3, nous avons une vraie histoire à raconter, comme avec les autres boîtiers. Le principal argument sur le stand est le poids et l’encombrement. Les gens veulent quelque chose de plus compact et léger possible.

Un certain nombre d’utilisateurs de smartphones, notamment de la jeune génération, envisagent d’acquérir un boîtier (neuf ou d’occasion) pour la photo/vidéo. Quels arguments pour les convaincre d’acheter OM System ?

La polyvalence des appareils et de la gamme optique est un atout. On parle souvent trop des boîtiers et pas assez des optiques, alors que celles-ci devraient être un critère majeur.

Il faut repartir de l’usage : quel type de photo, quel moyen de diffusion, et ensuite quel boîtier. L’OM-3, l’OM-5 Mark II et l’OM-1 Mark II répondent à des besoins différents en termes de vitesse et de photographie computationnelle.

La jeune clientèle a besoin de légèreté pour voyager et ne veut pas être encombrée par le superflu. Elle est de plus en plus nomade. L’encombrement réduit est un atout. La cohérence entre l’optique et le boîtier doit être prise en compte.

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Il y a quelques années, il était possible d’acquérir un boîtier Micro 4/3 (à l’époque Olympus) pour 700 €. Que répondez-vous à un photographe qui veut s’équiper d’un boîtier OM System sans se ruiner ?

Aujourd’hui, il y a encore l’E-M10 Mark IV ou l’E-P7, des produits qu’on peut toujours trouver sur le stand [et en boutique, NDLR].

Mais nous observons un retour des consommateurs voulant un appareil photo situé entre 500 et 600 €, même si cela signifie renoncer à certaines technologies avancées. L’important pour eux est de se lancer dans la photographie, et ils sont prêts à faire des compromis pour y parvenir. Le succès de l’OM-5 II et de l’E-M10 Mark IV s’explique par cette tendance.

Aujourd’hui, nos modèles attirent deux types de clientèles distinctes : d’un côté, les utilisateurs des OM-1 et OM-3, qui recherchent des performances haut de gamme, et de l’autre, ceux qui se tournent vers l’OM-5 ou l’E-M10, pour qui la simplicité et l’accessibilité priment.

Ce qui séduit dans ces appareils, c’est leur approche intuitive et leur polyvalence. Les utilisateurs apprécient la possibilité de progresser à leur rythme, par exemple en changeant d’optique au fil de leur évolution, sans avoir à investir dans un boîtier plus complexe dès le départ.

L’écosystème Micro 4/3 connaît aussi un grand dynamisme sur le marché de l’occasion. Est-ce un atout pour OM System ?

Le marché de l’occasion connaît un certain engouement, et cela se voit particulièrement chez les photographes qui souhaitent faire évoluer leur équipement. Beaucoup commencent avec un OM-5, puis, une fois familiarisés avec le système, ils cherchent à passer à du matériel plus haut de gamme. Ils revendent alors leur premier boîtier pour investir dans des modèles plus performants, ce qui prouve que la marque a su les convaincre.

Cette évolution ne se limite pas aux boîtiers : on observe aussi un passage progressif vers des optiques premium, voire professionnelles. C’est une véritable opportunité pour les clients, car le marché propose des solutions de reprise avantageuses. Les magasins rachètent le matériel d’occasion, ce qui permet aux photographes de financer l’achat de nouveaux équipements et d’explorer des optiques plus adaptées à leurs besoins.

Les retours, qu’ils viennent des revendeurs ou d’événements comme le festival de Montier-en-Der, le confirment : la demande pour l’occasion est bien réelle, et les photographes sont de plus en plus nombreux à vouloir évoluer vers du matériel plus performant.

Selon vous, le Micro 4/3 conserve-t-il un avantage comparatif pour les photographes qui veulent s’équiper en optiques de qualité sans exploser leur budget ?

Oui, tout à fait. Les prix pratiqués sur le marché de l’occasion offrent une belle opportunité : celle d’accéder rapidement à des optiques de qualité, sans se ruiner. Prenez par exemple le M.Zuiko Digital ED 45 mm f/1,8 ou le M.Zuiko Digital ED 30 mm f/3,5 Macro, des focales spécifiques qui permettent de sortir du simple kit de base. Les photographes peuvent ainsi compléter leur équipement avec des objectifs performants, sans pour autant vider leur porte-monnaie.

Le format Micro 4/3 se distingue aussi par des tarifs souvent plus accessibles que ceux de la concurrence. C’est le cas, par exemple, du M.Zuiko ED 50-200 mm f/2,8 IS PRO, une optique unique au monde : pour 3 499 €, on obtient l’équivalent d’un 100-400 mm f/2,8 stabilisé, un rapport qualité-prix inégalé sur le marché. Même constat avec le M.Zuiko Digital ED 300 mm f/4 IS PRO, qui offre une portée équivalente à un 600 mm f/4 pour seulement 2 549 € – là encore, sans équivalent ailleurs.

OM System a lancé l’an dernier son programme Test & Wow. A-t-il rencontré le succès escompté ?

Le programme Test & Wow fonctionne très bien, mais il est encore sous-utilisé. Toutes les personnes qui l’ont testé sont super contentes de la procédure. Il permet de tester le système pendant sept jours ouvrés, deux fois par an.

Celui qui a envie de se rassurer ou de découvrir peut le faire très facilement. Tout est pris en charge par la marque : le transport aller et retour. La seule chose que la personne doit faire, c’est laisser une caution lors de la demande. Il n’y a aucune facturation pour le prêt.

Les gens se demandent souvent où est le piège, mais il n’y en a pas ! Cela prouve à quel point nous sommes sûrs de nos produits. En cas de doutes, nous disons : testez. Tout le monde n’achète pas, mais certains achètent soit une optique, soit un boîtier. Il est possible de tester un boîtier puis un autre pour se faire une idée dans l’usage et voir lequel correspond le mieux.

Aujourd’hui, le 50-200 mm n’est pas encore dans le programme Test & Wow, mais tous les boîtiers le sont.

Thierry Bourque, spécialiste produits et responsable des formations chez OM Digital Solutions.

Merci à Thierry Bourque d’avoir répondu nos questions. Nous tenons également à remercier l’équipe d’OM System pour cette interview.

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