Le journaliste italien Sigfrido Ranucci a été la victime indirecte d’un attentat à la bombe, jeudi 16 octobre, selon le compte X de l’émission Report, qu’il présente. Vers 22 heures, dans la ville de Pomezia, près de Rome, l’explosion a détruit les voitures du présentateur de la RAI et de sa fille, rapporte la Republicca. L’attentat n’a fait aucun blessé. Sigfrido Ranucci et sa fille étaient alors tous les deux au domicile du journaliste.
Questa notte un ordigno è stato piazzato sotto l’auto del giornalista e conduttore di Report, Sigfrido Ranucci. L’auto è saltata in aria, danneggiando anche l’altra auto di famiglia e la casa accanto. Sul posto carabinieri, Digos, vigili del fuoco e scientifica. La Procura di… pic.twitter.com/KmDycbpgq1
— Report (@reportrai3) October 16, 2025
La voiture de sa fille et la façade de sa maison ont également été endommagés par l’explosion, prolonge Report, qui a partagé une vidéo montrant des dégâts considérables. «La puissance de l’explosion a été telle qu’elle aurait pu tuer si quelqu’un était passé à ce moment précis à côté», précise Report, ajoutant qu’une enquête a été ouverte, confiée au parquet anti-mafia de Rome.
«Au moins un kilogramme d’explosif a été utilisé», a déclaré Sigfrido Ranucci au quotidien Corriere della Sera. Auprès de l’agence Ansa, il a également précisé le contexte dans lequel s’est déroulé cet attentat : «J’ai reçu une liste infinie de menaces diverses, dont j’ai toujours informé la Justice, et sur lesquelles les membres de ma garde rapprochée ont toujours fait des rapports.»
«Ce qui s’est passé cette nuit représente une escalade inquiétante», souligne le journaliste, qui vit sous escorte policière depuis 2014, avait notamment trouvé deux cartouches devant sa maison. «Je me sens néanmoins tranquille dans le sens où l’Etat et les institutions m’ont toujours soutenu ces derniers mois.»
Cette explosion a suscité un déluge de condamnations de la part de nombreux responsables politiques de tout bord. La cheffe du gouvernement d’extrême droite Giorgia Meloni a ainsi exprimé sa «pleine solidarité» au journaliste et a «fermement condamné le grave acte d’intimidation». «La liberté et l’indépendance de l’information sont des valeurs de notre démocratie auxquelles on ne peut pas renoncer et que nous continuerons à défendre», a ajouté la présidente du conseil, qui multiplie les procédures en diffamation contre la presse.
«J’ai donné l’ordre de renforcer au maximum toutes les mesures concernant sa protection», a écrit sur X le ministre de l’Intérieur Matteo Piantedosi. «Un attentat contre un journaliste est un attentat contre l’Etat», a commenté de son côté le ministre de la Justice Carlo Nordio sur la chaîne SkyTG24.
Dans le classement 2025 de Reporters sans frontières (RSF) sur la liberté de la presse, l’Italie occupe une peu reluisante 49e place. L’ONG souligne ainsi que le travail d’investigation sur le crime organisé et la corruption vaut aux journalistes qui le pratiquent d’être les cibles d’intimidations et d’agressions. Une vingtaine de journalistes italiens vivent ainsi sous protection policière.
Dans une émission de 2021, Sigrifido Ranucci, qui s’apprête à faire des révélations autour des organisations criminelles ‘Ndrangheta et Cosa Nostra raconte comment un ex-détenu lui avait dit que des chefs mafieux incarcérés «avaient donné l’ordre de [le] tuer […] mais ça été stoppé». La créatrice de Report Milena Gabanelli estime de son côté que cet attentat «ne signifie qu’une chose : “Cher Sigfrido, chez Report, vous ne devez plus vous occuper de nos affaires.”» La responsable a toutefois assuré que les poseurs de la bombe s’étaient «trompés de cible», assurant que l’équipe de Report «ne se laisse pas intimider».
Mise à jour à 13h21 avec les réactions de RSF, Sigfrido Ranucci et de Report.