« On ne vous dira rien, rendez-vous samedi ». Au nom du respect de la démocratie interne, les Écologistes de Rennes se murent dans le silence, à l’approche du grand vote. Ce samedi 18 octobre, l’association Confluences, qui regroupe les adhérents du parti ainsi que l’Union démocratique bretonne, Nouvelle donne et des représentants de la société civile, tient son assemblée générale. Avec cette question à l’ordre du jour : faut-il s’allier avec la maire PS sortante Nathalie Appéré dès le premier tour des élections municipales ?

En 2020, la même association avait répondu par la négative. Poussés par de bons scores aux européennes, les Verts, menés par Matthieu Theurier, étaient partis seuls. Pari réussi : au premier tour, ils avaient réuni 25,4 % des voix, sept points seulement derrière la socialiste. En position de force dans les négociations d’entre deux tours, ils avaient obtenu des postes importants dans l’exécutif (budget, éducation, transports, notamment). Et s’étaient même offert le luxe de devenir le premier groupe politique à la mairie, avec 21 sièges, soit deux de plus que celui de Nathalie Appéré.

Des élus divisés

Six ans après, c’est l’option inverse qui tient la corde. Selon nos informations, les militants écologistes, qui ont désigné comme cheffes de file la maire-adjointe à l’éducation Gaëlle Rougier et la vice-présidente métropolitaine aux solidarités Priscilla Zamord, se sont réunis le mardi 14 octobre. Histoire de dégager la tendance majoritaire, avant le grand raout du week-end avec les autres forces. Le « oui » l’aurait emporté, affirment plusieurs sources au Télégramme. Ces dernières soulignent aussi la situation à Nantes, Rennes empruntant souvent le même chemin. Mardi, dans la Cité des Ducs de Bretagne, les militants ont également approuvé l’union avec leur maire sortante socialiste, Johanna Rolland, à plus de… 80 %.

Les bons connaisseurs des arcanes EELV restent malgré tout prudents. D’autant que les Rennais gardent secret le résultat de ce premier vote interne. Les autres forces de Confluences peuvent-elles renverser la tendance, samedi, lors de l’AG ? Pas impossible. D’autant que le débat fait rage depuis des mois entre les militants, tiraillés par des arguments contradictoires.

D’un côté, un attachement quasi viscéral à l’autonomie de l’écologie politique, trop longtemps passée pour la supplétive d’un PS tendance « vieille gauche productiviste ». En s’alliant dès le premier tour, les Verts s’effaceraient à nouveau, comme ils l’ont été aux législatives de 2022 et 2024, où la Nupes puis le NFP ne leur avaient accordé aucune circonscription à Rennes. De l’autre, la crainte de faire moins bien qu’en 2020, conscients que le vent électoral ne souffle plus dans leurs voiles. Leur résultat aux européennes l’a montré.

LFI, grande perdante ?

Le pragmatisme est-il en passe de l’emporter ? En tout cas, toujours selon nos informations, les tractations engagées depuis plusieurs mois avec l’équipe de Nathalie Appéré ont abouti à un accord. À la clé, un programme de consensus et un partage équitable des places sur la liste. La maire n’a visiblement pas lésiné pour obtenir un deal. Déjà, avant les vacances d’été, elle avait lancé un appel à l’union en personne dans une réunion à huis clos, rompant avec son habitude de rester en surplomb. Et pour cause : cette alliance pourrait la faire gagner dès le premier tour.

Après les Écologistes, les autres forces de la majorité sortante doivent aussi se prononcer dans les prochaines semaines sur leur ralliement à Nathalie Appéré. Mais l’union avec Génération.s, le Parti communiste et le Parti radical paraît bien moins complexe à réaliser, ces partis ayant moins d’états d’âme à la rejoindre. Grands perdants de ce probable rapprochement : la France Insoumise, qui espérait faire tomber les Écologistes dans son escarcelle pour renverser le PS au pouvoir depuis 50 ans. Et qui, désormais, risque de rouler en solitaire.