Publié le
17 oct. 2025 à 16h43
Depuis la rentrée, l’école de musique de Centre Morbihan communauté, à Locminé, compte une nouvelle professeure de piano, Iryna Francès. Elle habite à Muzillac et elle est d’origine ukrainienne.
Iryna est née dans la ville de Kovel, près de la frontière polonaise. Sa mère était originaire de la région de Volyn (nord-ouest du pays), son père de la Transcarpatie (située à l’extrême ouest du pays). Iryna passe ses premières années d’enfance dans la région natale de sa mère, dans une ville où celle-ci était directrice de l’école de musique. La famille prend ensuite la direction de la Transcarpatie.
Iryna retourne dans la région de Volyn pour suivre les cours du Conservatoire de musique. « J’ai commencé à enseigner la musique, mais, peu de temps après, étant passionnée aussi du théâtre, je suis partie dans la région de Rivné où, en 1997, à l’Université de la culture, en faculté de metteur en scène et de professeur de théâtre, j’ai obtenu mon diplôme. »
« Tout a commencé par la Crimée »
Très vite, après le divorce de ses parents, Iryna suit sa maman en Crimée, à Simferopol, pour enseigner la musique et le théâtre. « C’est plutôt le théâtre que j’ai choisi et j’ai même créé une école de théâtre, raconte Iryna. En raison de la crise, à ce moment-là, les professeurs ne pouvaient pas se faire rémunérer. Pour m’en sortir, je me suis fait embaucher aussi par une école Gülen turque, grâce à une amie tatare. »
En 2005, Iryna fait la connaissance de son futur mari, un réalisateur français de films documentaires venu en visite en Crimée, avec des amis. La jeune femme quitte ainsi son pays en 2007 pour s’établir en Bretagne, année où naît également sa fille.
En raison de la barrière de la langue, Iryna devra attendre 2012 avant de pouvoir travailler comme professeur de musique, d’abord dans des collèges, puis dans des écoles de musique.
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La guerre que subit son pays, c’est un crève-cœur pour Iryna. « Pour moi, cela a commencé, bien sûr, en 2014, avec l’annexion de la Crimée », souligne-t-elle. En 2022, lorsque des compatriotes arrivent dans le Morbihan, en fuyant la guerre, l’enseignante de musique œuvre comme interprète auprès d’une organisation non gouvernementale. « La grande majorité d’Ukrainiens de Vannes arrivait de Kiev et de Kharkiv, constate Iryna. Il y a notamment des femmes. Elles sont débrouillardes. Elles ont cherché du travail, même si la langue est souvent un frein. Celles arrivées avec des enfants font tout pour que ces derniers s’intègrent. »
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« Personnellement, je ne sais pas comment cette guerre finira
Iryna voit des Ukrainiens qui, n’ayant pas pu s’adapter, sont retournés chez eux. Depuis l’annexion de la Crimée par la Russie, Iryna n’a pas pu se rendre dans cette région. « Je ne peux plus voir ma grande amie tatare, regrette-t-elle. Heureusement, on échange par WhatsApp, c’est un bonheur. » Malheureusement, le déchirement familial la touche également. « Mes parents sont décédés avant la guerre, et mon propre frère est devenu Russe, déplore Iryna. Tout comme des amis qui m’étaient proches auparavant. Lorsque de telles situations interviennent, la conciliation est plutôt rare. »
En revanche, à l’été 2024, Iryna s’est rendue dans sa ville natale, Kovel, accompagnée de son mari et de sa fille. Elle y a retrouvé une cousine, une tante et des amis. « Au début, les gens étaient confiants en espérant que la guerre finirait assez vite, révèle Iryna. Aujourd’hui, ils sont dans l’ignorance, ils survivent, c’est une inertie. Malgré cela, ils se soutiennent les uns les autres. Personnellement, je ne sais pas comment cette guerre finira. »
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