Dans un contexte de tensions géopolitiques croissantes, l’Allemagne s’engage à renforcer ses capacités aériennes. Berlin a officiellement signé la commande de 20 Eurofighter supplémentaires. Ce choix s’inscrit dans une logique industrielle et stratégique, mais aussi comme une passerelle vers les futurs systèmes de combat.
Le contrat et ses implications industrielles
L’État allemand s’est engagé à verser environ 3,75 milliards d’euros pour cette nouvelle acquisition d’Eurofighter, un montant qui englobe les avions mais aussi les prestations de maintenance associées. Le contrat a été signé officiellement le 15 octobre 2025.
La production sera assurée sur la ligne d’assemblage final de Manching, près de Munich. Les livraisons sont planifiées de 2031 à 2034. Ce décalage dans le temps permet à Airbus de planifier les modifications techniques, notamment l’intégration de capteurs modernes.
Cette commande relance l’activité dans le tissu industriel européen lié au programme Eurofighter. Le groupe assure que plus de 100.000 emplois sont soutenus par ce programme sur le continent, dont quelque 25.000 en Allemagne. En Allemagne, une centaine d’entreprises travaillent dans la chaîne d’approvisionnement de l’Eurofighter. À Manching notamment, Airbus évoque avoir déjà porté la production du fuselage central de 14 à 20 unités par an.
Cette commande prolonge et stabilise la filière allemande de l’aviation de combat, alors même que les projets de remplacement à venir — notamment le Système de Combat Aérien du Futur (SCAF) — progressent lentement.
Capacités techniques et usage opérationnel
Les appareils commandés seront dotés de technologies de pointe. Une attention particulière est portée à la guerre électronique. Ils embarqueront notamment le radar AESA E-Scan et la suite de brouillage Arexis développée par Saab. L’intégration de la guerre électronique est présentée comme un catalyseur de la modernisation de la flotte allemande.
Ces Eurofighter serviront aussi à remplacer progressivement une partie des missions aujourd’hui assurées par le Tornado, notamment dans le domaine de la reconnaissance électronique et de la suppression des défenses adverses (missions SEAD/DEAD).En s’appuyant sur les nouvelles capacités, la Luftwaffe pourra mieux surveiller et défendre son espace aérien national.
L’Allemagne prévoit que l’Eurofighter restera en service jusqu’aux années 2060. Le contrat signe également la volonté d’assurer une transition vers le SCAF, le futur dispositif aérien européen dont l’entrée en service est envisagée autour de 2040.
Enfin, ce programme s’inscrit dans la dimension collective de la Défense. L’Allemagne rappelle que le renforcement de sa flotte profitera à la posture aérienne de l’OTAN et contribuera à la sécurité partagée dans la région.