Les frappes israéliennes contre des véhicules pourraient constituer des « crimes de guerre » selon un rapporteur de l’ONU

Les frappes israéliennes meurtrières visant des véhicules au Liban depuis le cessez-le-feu de novembre 2024 pourraient constituer des « crimes de guerre », a affirmé à l’Agence France-Presse (AFP) vendredi un rapporteur spécial de l’ONU.

Une nouvelle frappe israélienne a visé, vendredi, une voiture dans le sud du Liban, selon les médias officiels qui n’ont pas fourni de bilan, au lendemain de violents raids contre des infrastructures, dont une cimenterie.

L’armée israélienne affirme viser des membres ou des objectifs du Hezbollah lors de ses frappes dont des dizaines ont pris pour cible des personnes à moto, au volant de leurs véhicules ou conduisant des excavatrices.

« A moins qu’il existe des preuves convaincantes que ces objets civils aient des objectifs doubles [militaires] (…) les frappes sont illégales », a estimé Morris Tidball-Binz, rapporteur spécial de l’ONU sur les exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires. « Les meurtres résultant de ces attaques s’apparentent, à mon avis, à des crimes de guerre », a-t-il ajouté dans une déclaration écrite.

Jeudi soir, des frappes israéliennes, parmi les plus violentes depuis le cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah pro-iranien, avaient fait un mort et sept blessés. L’armée israélienne a affirmé avoir « frappé des infrastructures terroristes du Hezbollah », mais le président libanais, Joseph Aoun, a assuré que des « installations civiles » avaient été visées.

L’Office des eaux du sud du Liban a déclaré que les raids avaient détruit son dépôt stratégique de fioul. L’installation touchée « contenait un demi-million de litres de fioul que l’établissement destinait aux villages et villes du sud afin de faire fonctionner des générateurs électriques pour les stations d’eau et les puits », selon un communiqué de l’organisme.

Une cimenterie a en outre été gravement endommagée par les raids de jeudi soir dans le sud. « Nous sommes un complexe entièrement civil », a assuré à l’AFP le responsable des ventes, Ali Khalifeh, selon qui plus d’une dizaine de frappes ont visé la cimenterie. Un correspondant de l’AFP a vu jeudi soir les pompiers combattant un immense incendie dans la cimenterie. M. Khalifeh a expliqué que le lieu où était stocké le goudron liquide, ainsi que du fioul et du diesel, avait été visé, ce qui a provoqué l’incendie.

Le président libanais, Joseph Aoun, a dénoncé « une politique systématique » d’Israël « visant à détruire les infrastructures productives ».

La semaine dernière, l’aviation israélienne avait visé un parc de bulldozers et d’excavatrices dans le sud, détruisant plus de 300 véhicules.